Dix ans après la sortie de Star Wars III : La Revanche des Sith, la mythique saga ultra-populaire est de retour sur nos écrans. Cette fois-ci dirigée d’une main de maître par le très geek J.J. Abrams, ce septième volet intitulé Le Réveil de la Force est une franche réussite. 
Enfin. Dire que Star Wars VII était attendu, est un doux euphémisme. Après 10 ans d’absence et autant d’années à jouer au jeu du chat et de la souris avec les rumeurs et autres intox, l’œuvre la plus intergalactique de l’industrie cinématographique est enfin de sortie sur nos écrans géants. Il s’en est passé des choses depuis la sortie en salles du 3ème volet de ce space opera. Après un rachat de la licence en 2012 par le groupe Disney, ce dernier a immédiatement révélé son désir de prolonger la saga jusqu’à un neuvième épisode, comme selon les plans de son créateur.
Et c’est à J.J. Abrams qu’incombe la lourde responsabilité de prolonger la légende. On avait un temps entendu le nom de David Fincher ou bien celui de Zack Snyder mais c’est bien entre les mains du showrunner de la série Lost que revient la charge de mettre en scène Star Wars VII : Le Réveil de la Force. Du courage, il lui en a fallut car désormais hors-canon (plus officiel), tout l’Univers Etendu créé par les fans du monde entier se retrouve mis de côté. En 2013, Abrams, accompagné du scénariste Lawrence Kasdan (ayant déjà œuvré à l’écriture de Star Wars V, considéré à juste titre comme le meilleur épisode) entame l’écriture de ce 7e volet, écartant de ce fait toutes les histoires préexistantes. Ainsi, 35 ans après les événements du Retour du Jedi, les grandes histoires de batailles sont devenues des rumeurs et les figures de la Rébellion, des légendes. Désormais détruit, l’Empire n’est plus mais a enfanté du martial et despotique Premier Ordre tandis que les restes de la Résistance continuent de traquer les derniers relents d’une sombre époque. Les deux camps tenteront alors de retrouver la trace Luke Skywalker, exilé aux confins de la galaxie mais véritable clé du conflit.
Faisant fièrement écho à la trilogie originale, Star Wars VII nous présente une nouvelle génération de personnages (et d’acteurs) à l’aube de grands bouleversements. Rey, orpheline et pilleuse d’épaves sur la planète Jakku (Daisy Ridley, véritable héroïne moderne) s’associe à Finn, un stormtrooper déserteur (joué par le génial John Boyega) afin de contrecarrer les plans du nouveau Sith en puissance : Kylo Ren (Adam Driver). On retrouve également les anciens héros des mythiques batailles de Hoth et Endor, Han Solo et Leia Organa (respectivement Harrison Ford et Carrie Fisher) aidant ces nouveaux héros dans leur quête de vérité, mais davantage faire-valoir que personnages de premier plan.
Enfant biberonné à la télévision et aux films de série B, qui mieux donc qu’Abrams pouvait reprendre les rênes de la saga ? Il avait déjà prouvé son amour pour Spielberg avec le brillant Super 8 et continue de déclarer sa flamme au cinéma de son enfance avec ce réussi Star Wars VII : Le Réveil de la Force. Combinant et confrontant avec brio ancienneté et modernité, le réalisateur allie avec succès les différents effets visuels. Ainsi, certains costumes et décors, d’une pure tradition eighties, côtoient avec classe le modernisme les nouvelles armures des stormtroopers très design ou le CGI des batailles aériennes. Techniquement parfait, le film est aussi une incroyable leçon de mise-en-scène comme nous le démontre la course-poursuite dans les entrailles d’une carcasse de croiseur stellaire.
J.J. Abrams a-t-il réussi son pari ?
Mené tambour battant, le long-métrage virevolte comme jamais un Star Wars ne s’est vu imaginé. Avec son sens aigu du mouvement, le réalisateur ne laisse que peu de temps mort aux spectateurs, mais ceux-ci sont savamment disséminés afin de permettre aux personnages de s’étoffer, à l’univers, de se développer ou bien d’instaurer un important pan dramatique à sa narration. De par son jeu d’acteur aux petits oignons et ses incroyables plans minutieusement composés, semblables à des tableaux pour certains, on ressent enfin la charge émotionnelle qui faisait cruellement défaut aux épisodes des années 2000.
Renvoyant inexorablement aux films originaux, Star Wars VII se permet également quelques petites parenthèses humoristiques sans forcément devenir lourd ou tomber dans le fan service intempestif. Pourtant, malgré tous les éloges qu’on puisse lui faire, ce nouvel épisode souffre d’un manque, une pointe d’originalité et de provocation absente à l’appel. Les épaules de J.J. Abrams seraient-elles trop petites pour le (trop) gros héritage de Lucas ? En rendant un peu trop hommage aux précédents volets sans prendre vraiment en main le projet, le réalisateur contente un large public, sacrifiant ainsi quelques fans. On ressent alors les craintes du réalisateur à toucher au mythe populaire, ne le dépoussiérant que partiellement sans vraiment se l’approprier de peur de s’attirer les foudres des puristes.
Combinant l’accessibilité de la prélogie (épisodes I, II et III) avec la profondeur narrative de la trilogie originale (épisodes IV, V et VI), ce nouveau volet de la chronique familiale des Skywalker est un franc succès. Tout en humour, en sagesse et en dramatisation, Star Wars VII est une grande réussite et incontestablement l’un des plus grands films de 2015.