Moodoïd: Le Monde Möö a le pouvoir du frisson universel

Il y a un peu plus d’un an on découvrait Moodoïd et son univers si particulier bercé entre un psychédélisme doux, le surréalisme ou encore l’absurde, grâce à l’EP Je suis la Montagne. Déjà ses talents de musicien, de compositeur et de vidéaste nous avaient marqués. Le 18 août, on s’est donc avidement jeté sur son premier opus pour en dévorer toutes les facettes. Onirisme et volupté sur fond de chantilly hallucinogène, récit d’un voyage sensoriel délicieux.

Pochette de l'album de Moodoïd
Pochette de l’album de Moodoïd

De part son éducation musicale jazz et ses multiples influences artistiques, Pablo Padovani nous propose des atmosphères différentes à chaque titre, nous faisant voyager au grès de son imagination sans bornes. On se laisse balader dans le Monde Möö, où les proportions sont modifiées et où le paysage semble tout mou, comme une immense couette comestible et sans bords. Envoûté, on donne sans hésiter la main à Moodoïd qui nous guide alors dans des sentiers mystérieux bordés par des collines de chantilly, tout ça sous les étoiles bienveillantes.

La richesse des arrangements impressionne. Les mélodies alternent entre lenteur lascive dans le formidable « Bleu est le feu », et rythmes effrénés dans « Bongo Bongo Club ». Pablo, joueur qu’il est, a caché des surprises tout le long de son disque. Dans « Les oiseaux », les rythmes se battent et se cassent gracieusement sur le ring pailleté, comme si plusieurs chansons n’en faisaient plus qu’une. Puis, doucement, « Yes and You », seule chanson en anglais de l’album, vient tendrement nous bercer. On ferme alors les yeux pour mieux contempler le décor qui se dévoile devant nous.

Les ambiances défilent au fur et à mesure du voyage et avec l’énorme « Machine metal » c’est la fête des synthétiseurs et du kitsch. On s’imagine déjà dans un club digne des années 80, exécuter une danse mi-tropicale mi-transe sur du carrelage bleu nuit reflétant les néons roses. La fête est là et ce n’est pas prêt de s’arrêter avec le « Bongo Bongo Club », tube enivrant aux rythmes africains qui secouent nos petites fesses qui ne demandaient qu’à danser. « Les chemins de traverse », titre audacieux, marque un tout autre registre. Porté par un instrument peu commun dans la musique française, le oud, c’est une fenêtre sur l’orient qui s’ouvre. Les chœurs féminins, tel la voix d’un génie sorti tout droit d’une petite lampe magique, nous troublent un peu plus. Soudain, dans un dédale de fumée, les nappes de synthés nous font planer, les guitares et les saxos irradient nos corps transis dans le très chaleureux « Heavy Metal Be Bop 2 ». La musique de Moodoïd exulte les sens.

Après la fête vient le temps de se reposer un peu dans un cocon doux et mou, et oui c’est la fin du voyage avec « Les filles font que le temps est jouissif ». On savait l’importance pour Pablo Padovani d’être accompagné de femmes sur scène. Le Monde Möö fait ainsi figure de déclaration d’amour à la gente féminine. « Les garçons veulent de la magie » encourage les filles à moins se méfier des garçons et à les regarder elles aussi de leurs « yeux plein de malice » afin de vivre des instants magiques. Tout comme la rêverie, la sensualité a pleinement sa place dans cet opus plein de tendresse et d’amour innocent.

par Fiona Torre
Photo: Fiona Torre immortalise le génie artistique Moodoid.

Outre la richesse des arrangements musicaux, Moodoïd c’est aussi un chant spontané qui semble être abordé comme le serait un instrument. On a alors la géniale impression que les paroles sortent tout juste du cerveau fou de Pablo pour nous parvenir directement aux oreilles. S’en ressent une véritable sincérité, mais aussi la belle impression que Pablo et ses acolytes sont vraiment allés au bout de leur projet.

Parlons justement des copains qui l’ont rejoint pour collaborer sur cet album si particulier. On compte parmi eux une certaine Melody Prochet (Melody’s Echo Chamber), Didier Malherbe (Gong), Benjamin Glibert (Aquaserge), Stephane Bellity (Ricky Hollywood), entre autre. Tous ont prêté leur voix ou joué pour Le Monde Möö, de quoi ajouter de la magie à un album déjà très libre dans lequel Padovani a, semble-t’il, laissé part à toutes ses envies.

Moodoïd et sa pop psychédélique font figure de renouveau dans le paysage musical français. Le Monde Möö va déchaîner les passions chez les plus avertis comme chez les non initiés en marquant profondément les esprits. A tel point qu’on l’imagine bien précurseur d’un élan musical d’un genre nouveau. Quant à nous, on souhaite tout le meilleur à Pablo et ses alliées sur scène, Clémence, Maud et les deux Lucie pour leur tournée qui s’annonce folle et pleine de succès. Bisous pailletés.

Extrait du clip de "La Lune"
Extrait du clip de « La Lune »

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