Et oui ! Nous y étions ! le MaMA, 3 jours de Festival et plus d’une centaines d’artistes. Les festivités débutent sous quelques gouttes de pluies. Les éclairages du Trianon se reflètent sur les pavés de Pigalle. C’est là qu’à débuté notre soirée. Pendant 72 heures nous avons vibré au rythme du quartier. Avec une programmation aussi riche, impossible de tout voir ! Mais le MaMA aura permis d’attirer notre attention sur nombre d’artistes brillants.

Pour commencer notre périple musical, nous sommes allés à la découverte de la nouvelle révélation canadienne. C’est dans la salle chaleureuse et intimiste des Trois Baudets, qu’Alex Nevsky fait sont entrée sur scène. Coiffé d’un grand chapeau, vêtu de son gilet, et chaussé de derbies, le dandy à la belle gueule partage son univers. Il enchaîne les morceaux au piano, tandis que ses 3 compères l’accompagnent en mélodie. L’ambiance est sympathique et détendue. Mais sous ses faux semblants de chanteur de ballades, il chante ses angoisses et décrit ses peines. A l’instar des chansons Je te quitterai, On leur à fait croire, Les coloriés, Himalaya mon amour. On appréciera le don du québécois pour choisir les bon mots et faire sonner notre belle langue française. Entre chanson, folk et rock, Alex Nevsky aura convaincu le public qui reprend en chœur ses refrains.

Tout juste échauffés par ce premier concert, on se dirige vers le Bus Palladium pour voir la petite protégée de Yodelice : Jain ! La toulousaine nous séduira grâce à un set énergique et original. Elle nous plonge immédiatement dans son monde en noir et blanc. Et c’est pourtant une palette de couleurs musicales qui nous attend ! Du rap, de la soul, des sonorités venues d’Afrique… Les influences se mélangent le tout sur fond de beats électroniques. Jain jongle entre les micros, elle sample sa voix, pianote sur ses pads et mène la danse d’une main de reine. Nous sommes attendri par le visage juvénile et timide de cette artiste au caractère pourtant bien trempé! Elle assure une belle performance maitrisant aussi bien sa guitare (City) que son flow de paroles. Elle partage anecdotes et souvenirs, comme pour Hope, une chanson qui lui a été inspirée par les marteaux piqueurs des chantiers de son quartier. Les titres de son mini-album se succèdent : Come, Hobe, Mr Johnson ou encore Heads up dans lequel Jain clame « Life is for lovers ». Des amoureux elle en a plus d’un ce soir dans la salle. Sa dernière chanson Makebela nous laissera d’humeur joyeuse et le sourire aux lèvres. Guettez les bacs son album sort le 6 novembre !

Le lendemain, nous reprenons le chemin de Pigalle et continuons notre immersion au cœur des musiques actuelles. En ce jeudi soir nous sommes tout d’abord marqués par la performance du Chapelier Fou. Ce lorrain est un véritable virtuose du « Classiquelectro ». Bon, d’accord, le mot n’existe peut-être pas, mais c’est bien comme ça qu’on pourrait décrire la convergence des styles. Les instruments se mêlent aux machines. Les cordes des violons viennent chatouiller les nappes électroniques. L’intensité des morceaux monte et, progressivement les boucles hypnotisent le publique. Lyrique et enivrante, la musique du Chapelier Fou constitue la bande son d’un voyage vers des contrées lointaines. Souvent comparé à Yann Tiersen, rappelant parfois ses ainés Wax Taylor ou Chinese Man, c’est avec complicité et émotion que le groupe diffuse son style. Sur le titre Tea, tea, tea, des faisceaux laser verts apparaissent sur scène et s’emparent de la salle alors que le Chapelier fait danser la lumière.
Entre deux, nous profitons de la multitudes de salles et d’artistes pour dénicher ça et là les futures révélations venant du monde entier. Shake Shake Go, The Wanton Bishops, Bombay, A-WA…. C’est ainsi que nous nous rendons au Divan du monde pour écouter Rozi Plain. La british qui collabore régulièrement avec François & the Atlas Mountains compose de douces folk songs. Ses titres peuvent nous rappeler Ani Difranco, Gemma Hayes ou Kate Nash. Si les clips sont loufoques c’est dans une mise en scène plutôt calme qu’on la retrouve. Lumières tamisées et groupe discret. On en reste pas moins enchantés.

Mais il est déjà l’heure de retourner vers la Cigale, où Jay Jay Johanson nous attend. Enfin, façon de parler…. Connu est reconnu depuis près de 20 ans, il est la tête d’affiche de ce festival MaMA 2015. Le suédois revient à l’occasion de son nouvel album, Opium. Les rythmiques trip hop ont laissé place au groove, et c’est pour notre plus grand plaisir. Le crooneur suédois a toujours repousser les limites des styles, navigant entre pop, jazz et electro. Il nous présente son 10ième album accompagné de ses 2 musiciens aux claviers et à la batterie. On reconnaîtra I love him so et ses cuivres, Dilemna, ou encore Believe in us. On retrouve l’atmosphère mélancolique de ses albums. La scène épurée et sobre présente pour seul décor un projecteur braqué sur l’artiste. La douce voix du chanteur révèle sa fragilité. Humble et effacé on devine pourtant un timide sourire se dessiner sur son visage.

En chemin vers le Backstage by the Mill, on passe devant le Moulin Rouge. Une sorte de clin d’œil alors que nous sommes sur le point de voir Inna Modja. Artiste multi-facettes (chanteuse, mannequin et actrice) la Malienne a récemment sortit l’album Motel Bamako. Et c’est une belle surprise que l’on découvre en live. Il est loin le temps de French Cancan et des ballades pop légères. Inna effectue un véritable retour aux sources et nous propose un projet musical abouti, fidèle à son image de militante. Entourée de ses musiciens et quelques instruments traditionnels (tares mangingues, kora ), elle oscille entre musique folklore et beats hip-hop. Chantant parfois en Bambara, elle délivre un set rythmé et engagé évoquant tour à tour la guerre, les souffrances de son peuple les violence faites aux femmes, ou les difficultés sanitaires comme dans la chanson Water au rythme entêtant.
Déjà vendredi. Ce dernier jour de festival semble être dédiée à la nouvelle scène : Kid wise, Is Tropical, Minou, Tahiti Boy, Mutinity on the bounty, etc. Mais le groupe qui attire notre attention, est composé d’un frère et d’une soeur. Pauline et Romain ou les Ropoporose débarquent sur la scène de la Boule noire. Les vendomois diffusent leur énergie et leur style. Une guitare aux sonorités assez grasses, une session rythmique efficace, l’ensemble mêlé à une multitude d’accessoires, de pédales et d’instruments en tout genre. Voici la formule gagnante. Le lopper permet au duo d’empiler les pistes, les riffs et les mélodies, pour se transformer en véritable groupe de Rock. Nos 2 hommes orchestres enchainent les morceaux. On est touché par la timidité de Pauline ; dissimulé derrière une vraie punk attitude. Lui semble plus à l’aise. En les écoutant, on pense parfois au Kills parfois aux Ting Tings ou encore à Soko. Mais leur style leur appartient. Ils proposent des riffs noisy et prennent plaisir à partager leur EP avec nous ce soir. Un vrai plaisir.
Avec cette sixième édition, MaMA s’impose comme un des festivals parisiens incontournables. Majoritairement fréquenté par les professionnels de la musique, le véritable succès pour cette édition est d’avoir également conquis le grand public avec plus 3400 pass vendus.
Magali Agnel