Sorti le 31 décembre 2014, le troisième long-métrage de J.C Chandor emploie un casting de qualité. Justement quand on pensait prendre notre pied face à la réalisation, on a plutôt baillé aux corneilles.

Après avoir potassé nombre de critiques positives sujettes à la dernière production de J.C Chandor, je ne me suis pas retrouvée dans les sentiments d’exaltation des auteurs qui décrivaient un film « spectaculaire », « puissant » et « formidable ».
Une bande-annonce qui met clairement l’eau à la bouche. Un casting de qualité. Jessica Chastain révélée par Zero Dark Thirthy en 2012 et sacrée avec Interstellar cette même année 2014, interprète à nouveau un rôle perturbant, cette fois dans la peau d’une sulfureuse blonde platine, femme d’Abel Morales, un homme qui se lance dans le business du pétrole dans une Amérique alors à l’aube du choc pétrolier. Ce qui nous mène aussi à découvrir un nouvel acteur qu’est Oscar Isaac. Enfin pas si nouveau que ça si on regarde les projets qui l’attendent : Star Wars VII et X-Men qui seront à l’affiche en 2016. Mais c’est surtout le génial acteur à l’affiche d’Inside Llewyn Davis qui aura sûrement fait plus illusion. En tout cas, un film et des scenarii qui changent pour nos deux acteurs principaux.

Si la réalisation du film ne comporte pas de défauts majeurs, l’ouverture de la porte d’entrée pour accrocher au film est étroite. La réalisation s’ouvre sur la voix d’une autoradio. « Deux policiers assassinés à New York » assène-t-elle. Le ton du film est donné. J.C Chandor, avec sa troisième réalisation, complète son palmarès de longs-métrages commencé avec Margin Call (2011) et All Is Lost (2013). Une réflexion générale sur l’apathie et l’avarice qui caractérise une société capitaliste américaine de la fin du XX et début du XXIe siècle, à l’heure où le pétrole se faisait déjà rare et or noir et à l’aube d’une catastrophe économique sans conséquent pour le monde entier.
Avec un travail remarquable sur la photographie, J.C Chandor parvient à nous faire oublier un instant la lenteur de la mise en scène du début du film. Confus, le début du film commence maladroitement sur des scènes croisées qui, au fur et à mesure, s’unissent et deviennent la même histoire.

Niveau thématique, le réalisateur essaye de nous emmener dans les aspects peu glorieux de New-York, année où le taux de crimes est élevé, entre deux crises pétrolières et l’image d’une Amérique qui reste fragile, six ans après la fin de la guerre du Vietnam. De ce côté là, soulignons le morceau Mercy Mercy Me de Marvin Gave glissé dans la BO, réalisé en 1971 pendant la guerre qui résume de manière appropriée le contexte du film. Cynisme, mansuétude, corruption et violence font partie du quotidien d’Abel. Sont-ils pour autant dénoncés ? Là n’est pas le but, apparemment.
A Most Violent Year a le mérite de reposer sur le couple des deux personnages principaux qui se donnent la réplique. Plus leur relation est conflictuelle, plus l’histoire s’enfonce. Et autant le dire, ça va crescendo.
Le film se termine là où il a commencé. Sur la voix de l’autoradio et sur Abel qui court, cherchant (à fuir ?) la route de son destin avançant dans un paysage neigeux et vide, paysage métaphore de sa vie.
En allant voir A Most Violent Year, je m’attendais à une critique globale sur une Amérique en perte de vitesse. Une prise de recul sur l’année la plus meurtrière à New-York. Je ne sais pas à quel moment peut-on rentrer dans ce film trop linéaire. Je n’ai pas trouvé la porte d’entrée.