Le septième album des Black Lips, Underneath The Rainbow, est sorti le 6 mars dernier. On est bien en retard, mais il fallait qu’on vous en parle.
Les Black Lips aiment raconter qu’ils font du « flower punk », autrement dit, du punk joyeux, bordélique évidemment, qui sentirait bon la rose et les coquelicots. Pourtant cet album, c’est surtout de la sueur bien crade, une bande de mecs avec qui on écume les bars funestes sur le bord d’une route américaine bien droite et poussiéreuse. Underneath The Rainbow sent le bon vieux sud étasunien, les morceaux sont moites, les instruments trainants ; c’est un vaste bordel de road trip rafistolé à l’arrache.
On démarre donc l’album sur la combinaison classique « verse-chorus-bridge », à laquelle les Black Lips viennent rajouter deux trois crachats, des cris lancinants et une bonne vieille saturation. Evidemment ça à l’air assez simple, on chante un peux faux, à plusieurs sur les refrains, on rajoute une mélodie entre quelques « power chords », c’est du garage punk à l’ancienne. Seulement les Black Lips sont des punks modernes, ils connaissant leurs classiques et foutent un peu le bordel dans leur époque. Dans tous les morceaux de l’album, on bouffe de la ligne droite en continu, entre solo bien « dirty » et ballades punk aux choeurs drogués. On reconnait toujours les vieilles guitares de Cole Alexander, le chanteur-guitariste, perdues dans une ambiance marécageuse d’ou émergent miraculeusement des hymnes à siffloter inconsciemment comme un petit bout d’Amérique coincé dans nos têtes.
Les rythmes sont parfois blues, parfois country, les codes sont bien maitrisés et l’on découvre que les punks aussi, ça grandit. Cet album est peut être moins osé que les précédents, mieux produit surement, mais tout va bien, nous aussi on est devenu grands. Et puis tout n’a pas changé. Comme toujours, les Black Lips c’est prendre un son à la Phoenix, tourner tous les boutons n’importe comment sur le clavier-maitre, fracasser le clavier-maitre, ressortir l’ampli et crier un bon coup. Ca donne des morceaux simples et cycliques ou les airs pops sont passés au blender, entre une basse bien ronde et une voix railleuse.
Alors on parle whisky avec le groupe pendant cinquante minutes, on écoute ces garçons des bois pas bien civilisés tenter de chanter, d’articuler dans cette grande vibration sexy-dirty. On traine avec ces loups sauvages, on danse sous les cris lointains hallucinés, on abandonne le lexomil et on joue aux vieux rebelles je-m’en-foutistes avec Cole et ses amis. Parce que nous non plus on veut pas rentrer à la maison, parce que nous non plus on veut pas mourir.
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