The Kooks – Listen : la mort de l’indie

the_kooks_listen-portadaThe Kooks sortait son 4ème album Listen le 1er Septembre. Entre nouvelle époque, mort de l’indie et renaissance soul, voici notre review

 

Il fut une époque, celle de nos 15 ans, où nos goûts musicaux étaient une terre nouvelle où se battaient anciens et modernes ; c’était l’époque des grandes découvertes, c’était l’époque de The Kooks. Persuadés que nous avions enfin de bonnes références musicales, nous tombions amoureux de ce groupe indie mené par un Luke Pritchard tout en cheveux déraisonnables et en accent cockney. The Kooks avait l’air gentil et papa comme maman approuvaient notre nouveau flirt musical. Le groupe a tenu trois albums sur ce chemin évident de l’indie propre, et à vrai dire on en attendait pas plus, tant il est difficile pour un groupe anglais des années 2000 de passer dans le monde merveilleux de 2014. Luke et ses copains, c’était un jambon-purée un lendemain de cuite, un truc doux et bon qui fait du bien.

Mais The Kooks a eu une révélation, et dans un élan vital admirable, a décrété la fin de The Kooks pour créer un nouveau groupe : The Kooks 2.0. Ainsi, leur nouvel album Listen entre dans le monde de la pop dansante, les guitares et les rythmes sont funky et il y a toujours quelqu’un pour taper des mains sur leurs nouveaux morceaux : le groupe est entré dans une nouvelle décennie, certes un peu tard, mais peut être était-il encore temps.

Sur Around Town, le second single de Listen, la batterie comme la guitare se met au service d’une soul volontaire et bien exécutée, mais ce que l’on remarque surtout, c’est la constance du chant de Pritchard. Finalement, si tout a changé, la voix du chanteur et ses intonations sont les mêmes que sur les trois précédents albums, et nous sommes obligés de nous poser la question : n’a t’il pas toujours voulu réaliser précisément cet album? S’il nous est permis de douter de ce changement brutal, de cette orientation au timing étrange et quelque peu dérangeant, reste qu’un morceau tel que Around Town est efficace et entêtant, taillé comme un tube qui ne laisse pas insensible et qui ne s’oublie pas si facilement. On alterne donc entre approbation et  perplexité, les chants féminins quasi gospel et les basses groovy comme sur Forgive & Forget étant de bons exemples de changement, et bien que nous n’ayons plus 15 ans, il n’est pas certain que les fans du groupe soient capables d’accepter la fin de leur flirt de jeunesse. Soyons clair, pour apprécier Listen, il faut de la résilience, il faut admettre que dorénavant on entendra Pritchard chanter « Down down diggy » ou encore « doo doo doo doo doo » comme sur le single Down, qu’il y aura des nappes de synthés, du groove, des boucles r’n’b et des riffs disco dans leurs morceaux (Westside, Bad Habit). Plus encore, The Kooks aborde maintenant des sujets sérieux à l’image du morceau It Was London, qui traite des émeutes londoniennes. Un flirt musical, un groupe léger et sympa peut il toucher aux questions de société? Peut il transmuter complètement sans s’abandonner? Et quand bien même, quel en est l’intérêt?

The Kooks n’est plus notre béguin adolescent, et si Listen reste un album réussi et osé, il n’est pas certain que nous fassions le deuil si facilement. S’il fallait un jugement, une sentence, The Kooks est mort, un autre l’a remplacé, et tout aussi bon qu’il soit, il n’effacera pas la nostalgie de nos jeunes années musicales. Voilà ce qu’est la pop, elle est parfois éphémère, condamnée à n’être plus qu’un souvenir. The Kooks est mort. Vive The Kooks.

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