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Manuel Etienne – Vaudémont

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J’appréhende cet album sans savoir, sans connaitre, comme si lui et moi nous venions de naître. Manuel Etienne, ça sonne français, ça sonne simple. Alors je n’attends pas grand chose, c’est vrai. J’ai entre les mains un album rock, de ce rock qui se pavane comme s’il était facile. Voilà ce qu’est Vaudémont, du rock classique, brutal parfois, joliment pop aussi.

Dès le premier morceau, Invisible, je sais qu’il va s’agir d’un inévitable contraste entre la rugosité dépouillée des guitares et cette empreinte mélancolique, subtilement saupoudrée. C’est ce qu’il y a d’intéressant dans cet album, cette capacité hallucinée d’alterner entre lyrisme intense et énergie juvénile, naïve ; le rock est un défouloir, un jeu d’enfant qui parfois sombre, parce qu’on a grandi, parce qu’on est passé de Station en station.

Certains des morceaux sont chantés en anglais, d’autres en français. Voilà le retour du contraste. Écrire en français, c’est être à découvert, et si les images et les métaphores semblent parfois maladroites, j’entends quelque chose de sincère, une liberté élémentaire. Manuel Etienne maitrise les codes musicaux, les genres et la culture musicale dans un album calibré et respectueux du passé.

Marina et La Fille Imperméable sont énervés, biliaires et rapides, ils refusent d’être cérébraux en rappelant qu’aujourd’hui toujours, on peut savoir faire du rock garage. Christmas-Suicide et Les Oiseaux d’Orme réaffirment eux l’essence de Vaudémont, cette « cock music » distordue, balancée à l’aveugle. Manuel Etienne rappelle la voix fragile d’un Daniel Darc, brasse les synthés new wave de Taxi Girl dans l’énergie électrique de Téléphone. C’est un album savant, expérimenté. Et puis il y a De Station en Station, emprunt de questionnements obscurs et de perdition, et finalement je retrouve là tout ce que l’on peut aimer dans le rock, la perdition noyée dans une énergie salvatrice. D’ailleurs Manuel Etienne parsème son album de quelques respirations, pour reprendre ses esprits, retrouver son souffle et repartir, à l’image de l’instrumental acoustique Vaudémont, balade rock efficace.

Je me confesse maintenant, je n’avais pas envie d’être convaincue par cet album qui me semblait déjà vu, j’avais l’impression de reprendre la même route encore et encore et pourtant, pourtant Vaudémont est bon, travaillé et surtout, il saisit ce qu’il y a d’ineffable dans le rock, cette affaire d’exaltation intrépide qui jamais n’oublie la langueur et la brume. Je me confesse maintenant, Manuel Etienne m’a rappelé que ça existait toujours, et c’est plaisant.

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A venir :

20/03/14 – Le Royal Royal – Nancy

22/03/14 – Le Why Not – Dudelange (Lux)

29/03/14 – Le Joker’s Pub – Angers – TBC

01/04/14 – Les 3 Baudets – Paris

02/04/14 – Le Bar’Jo – Alençon