Robert Zemeckis, le papa de Retour vers le Futur, le créateur du classique Forrest Gump, est de retour. Mais devant ce biopic du funambule Philippe Petit, on tombe vite de haut.

Si l’on connait Joseph Gordon-Levitt (JGL pour les intimes) pour ses rôles dans Inception, 500 jours ensemble, The Dark Knight Rises, Looper, 50/50 ou encore Lincoln (oui le monsieur de 32 ans a déjà une filmographie assez hallucinante), on ne connaissait pas encore le réalisateur qui sommeillait en lui.
C’est maintenant chose faite et je peux vous dire que j’ai maintenant aussi hâte de le retrouver devant que derrière la caméra.
Synopsis: Jon Martello est un beau mec que ses amis ont surnommé Don Jon en raison de son talent à séduire une nouvelle fille chaque week-end. Mais pour lui, même les rencontres les plus excitantes ne valent pas les moments solitaires qu’il passe devant son ordinateur à regarder des films pornographiques. Barbara Sugarman est une jeune femme lumineuse, nourrie aux comédies romantiques hollywoodiennes, bien décidée à trouver son Prince Charmant. Leur rencontre est un choc, une explosion dans la vie de chacun. Bourrés d’illusions et d’idées reçues sur le sexe opposé, Jon et Barbara vont devoir laisser tomber leurs fantasmes s’ils veulent avoir une chance de vivre enfin une vraie relation…
Pour un premier film, JGL ose beaucoup et il a bien raison. Dans une Amérique aussi puritaine qu’hypocrite sur le sexe, l’acteur/réalisateur/scénariste (définitivement multitâche le monsieur) nous livre une comédie non pas romantique comme cela aurait pu être suggéré par la promotion du film mais bel et bien une comédie sur un addict du porno !
Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il fallait des… cojones pour s’attaquer à un sujet pareil !
Car au lieu d’en faire un running gag potache comme une comédie de Judd Apathow, le porno a une réelle importance dans la vie de Jon, l’exploit du film étant de réussir à en faire l’apologie pendant plus de la moitié de l’histoire sans que cela soit spécialement hilarant pour autant. JGL conjugue parfaitement l’aspect comique mais aussi dramatique de son histoire et s’en tire à merveille dans les deux domaines.
Tous les mecs se reconnaitront un minimum dans le personnage de Jon, faut dire qu’on a tous vécu plus ou moins une des scènes que le personnage vit. Quant aux filles, elles comprendront un peu mieux ce qui se passe dans la tête des garçons parfois, donc ça ne peut pas faire de mal non plus (par contre, je ne recommande pas d’aller voir ce film en famille ou avec sa copine, allez y entre ami(e)s et racontez-vous l’histoire après mais pas ensemble).
Sans rentrer dans les détails de l’histoire pour ne pas vous spoiler la fin, elle est assez bien écrite et elle est surtout dotée d’un retournement à la fin du film qui le rend beaucoup plus intéressant et puissant qu’une simple comédie sur le porno. Et dieu que ça fait plaisir au jour d’aujourd’hui ou la romcom US est devenu un genre balisé au possible, pour ne pas dire extrêmement cliché, de voir un jeune talent arriver et apporter un vent de fraicheur et d’audace plus que bienvenu !
Je dirais même que JGL fait presque une comédie générationnelle, évoquant très bien, en tombant certes dans un cliché à la peau dure qui est pourtant une réalité, des demoiselles attendant les princes charmants quand les mecs biberonnés au porno attendent trop souvent plus un « bon coup » qu’une « réelle relation ».
La seule chose que l’on peut regretter c’est que, pour l’histoire comme pour la réalisation, JGL a décidé de jouer sur l’humour de répétition. S’il s’en sort honorablement (je rappelle que c’est son 1er film), ça passe par quelques facilités scénaristiques (je pense aux scènes avec sa famille) et à une réalisation qui use et abuse du running gag visuel. On mettra ces petits défauts sur le compte de la jeunesse et des tics allant de pair avec une première réalisation. Néanmoins, on notera un montage et un travail sonore ultra dynamique, une photographie assez sympa et un très bon cadrage.
Pour les acteurs, que dire, JGL est très bon, comme d’habitude ai-je envie de rajouter. Julianne Moore est parfaite en dépressive qui aura son importance dans l’histoire mais la surprise vient de Scarlett Johansson, qui hérite ici d’un rôle extrêmement ingrat qu’elle joue à la perfection. En effet, son rôle, à mille lieues de la « girl next door gentille » est ici intéressant car il joue complètement sur le physique et l’image de marque de l’actrice. JGL a eu le talent nécessaire pour qu’on tombe amoureux de cette femme sexy en diable et ultra cool pour progressivement se mettre à la détester. Et pour qu’un mec ait envie de donner des gifles à miss Johansson, ça prouve que le personnage est vraiment bien écrit et que la progression dramatique de l’histoire est intelligente et toujours juste.
Voilà, pour résumé, j’ai été emballé par ce film que j’ai trouvé extrêmement drôle et très bien fichu pour un 1er long, avec un vrai propos et une envie de faire rire très efficace.
JGL avait déjà prouvé dans ses choix d’acteurs qu’il était quelqu’un d’intelligent et talentueux, il confirme derrière la caméra et livre une des meilleures comédies de l’année, démontrant un talent de metteur en scène et de directeur d’acteur indéniable.