Le dernier film de Maiwenn aura fait jaser depuis que son héroïne Emmanuelle Bercot a remporté le prix de la meilleure interprétation féminine au festival de Cannes (partagé avec Rooney Mara). Certaines critiques soulignent le pathétique dégoulinant porté par une psychologie de café et une intrigue qui tourne dans le vide, mais ici aucune de ces remarques malveillantes ne sera présente. Parce que Mon Roiest un geste cinématographique, percutant, pertinent, enivrant par lequel la jeune réalisatrice atteint sa consécration.
Jeudi 30 octobre, le quotidien Polonais Gazeta Wyborczarévélait une nouvelle embuche pour le réalisateur en voyage dans le pays de son enfance à l’occasion de l’inauguration du Musée des Juifs de Pologne. En conflit avec la justice états-unienne depuis près de 40 ans, cette dernière ne tarit pas d’efforts pour faire arrêter Roman Polanski au nom d’un crime qu’il a commis en 1977 et pour lequel il a purgé sa peine.
Après Les Chansons d’Amour, Non ma fille tu n’iras pas danseret Les Bien-Aimés, le prodigieux réalisateur français nous présente son film le plus audacieux : Métamorphoses. Son adaptation moderne des poèmes d’Ovide a toutes les qualités que l’on attend d’un bon film français. Cependant, même si les idées séduisent, le résultat demeure assez décevant.
Les 3 Frères, le retour marque le retour des Inconnus après 13 années d’absence, la bande de comique des années 90, véritable monument de l’humour français composé de Didier Bourdon, Pascal Légitimus et Bernard Campan. Le film est une suite aux 3 frères, excellente comédie, César de la meilleure première œuvre en 1996 et qui jouit d’un culte auprès des fans assez impressionnant.
Alors, que vaut ce retour tant attendu ?
Synopsis: Des années après le décès de leur mère, les frères Latour sont à nouveau réunis par la défunte. Chacun est à une étape difficile de sa vie : Bernard est un comédien raté, Didier se fait passer pour un prof de philo alors qu’il vend des sextoys par correspondance et Pascal vit aux crochets d’une riche cougar. Accompagnés de Sarah, la fille de Bernard, ils vont vivre des rencontres surprenantes tandis que de nouveaux problèmes vont les affecter.
Je ne vais pas y aller par quatre chemins, le film est mauvais, très mauvais. Le (très grand) fan des Inconnus a pleuré des larmes de sang en voyant cette suite dont il n’y a presque rien à sauver.
Réalisée par le trio infernal, la mise en scène est vide. Aucune réalisation à l’horizon, le travail de photographie est d’une laideur sans nom, c’est bien simple, pour un peu, je croirais à une parodie de téléfilm de la part des Inconnus (si seulement).
Mais soyons honnête, le film n’est pas attendu pour sa réalisation ou son propos, ce n’est pas ce que l’on recherche en allant voir les Inconnus, donc ces défauts pourraient parfaitement passer si le film était hilarant.
Sauf que le film ne l’est absolument pas et c’est bien tout le drame de cette suite. En reprenant les personnages qu’ils avaient créés en 1995 et en servant un mauvais remake de l’intrigue du premier volet, on était en droit d’attendre des scènes aussi hilarantes et une flopée de répliques cultes, de clins d’œil au premier film ou à leurs sketch.
Il n’en n’est rien, les Inconnus n’arrivent jamais à retrouver leur feu sacré d’antan, nous servant une soupe de jeu de mot ringard, des costumes pathétiques et des scènes dotées d’un humour vachard ou noir particulièrement douteux qui auront du mal à vous arracher plus qu’un sourire.
C’est simple, en plus d’être long, sur les 1h46 de film je n’aurais rigolé qu’une seule fois, pendant une scène à la banque ou un gag visuel me rappellera pourquoi j’aime autant ces acteurs, leur intelligence et leur impertinence qui caractérisaient leurs sketchs de l’époque.
On sauvera aussi la jeune révélation du film: Sofia Lesaffre jouant la fille de Campan qui arrive à donner un peu de fraicheur à ce produit déjà périmé avant même d’être sorti.
Mais ça sera bien les seuls moments du film qui m’auront fait rire, le reste du film étant d’une vacuité telle qu’on se demandera bien pourquoi nous avons voulu juger sur pièce le film et ne pas se fier, pour une fois, à la critique.
Voilà, je ne vais pas m’étendre plus longtemps sur le sujet, le film est raté de A à Z et même si je reste éperdu d’admiration pour le trio, je ne peux rien trouver dans ce film à défendre et vous recommande chaudement d’aller voir autre chose.
Mea Culpa est le 3ème long métrage du talentueux réalisateur Fred Cavayé, à qui l’on devait déjà l’excellente surprise Pour Elle (avec Vincent Lindon) et le très bon A Bout Portant (avec Gilles Lellouche). Le réalisateur français a su, en à peine 3 films, créer une filmographie extrêmement cohérente, se réclamant de ce fameux « cinéma de genre » si mal vu quand il est made in France et prouver que l’on pouvait, à l’instar des américains, faire des films qui envoyaient autant du pâté avec moins de moyens mais plus d’idées.
En regroupant ces 2 acteurs fétiches et voulant cette fois réellement réaliser un film 100% d’action, la promesse était alléchante sur le papier, qu’en est-il en réalité ?
Synopsis: Simon et Franck sont policiers à Toulon. Après avoir fêté la fin d’une mission, ils percutent une voiture en rentrant chez eux. Franck s’en sort indemne, alors que Simon, qui était au volant et sous alcool, est blessé. Mais l’accident a surtout fait deux victimes, dont un enfant. Simon va alors tout perdre : sa famille et son travail…
Six ans plus tard, Simon a divorcé d’Alice et est devenu convoyeur de fonds. Il tente de tenir tant bien que mal son rôle de père auprès de son fils Théo, âgé de 9 ans. De son côté, Franck, qui est toujours flic, continue de veiller sur Simon. Lors d’une corrida, le fils de Simon est témoin d’un règlement de compte par des mafieux. Simon va tout faire pour protéger son fils des gens qui le menacent…
Autant le dire tout de suite, nous ne sommes qu’en février mais il va être très difficile de trouver meilleur film d’action cette année que ce Mea Culpa. Cavayé assume enfin pleinement son amour pour les très grands films d’action, se réclamant de McTiernan ou Michael Mann et décide délivrer une course poursuite haletante d’une heure et demie vous scotchant à votre siège.
Dans ses films précédents, Cavayé mettait un point d’honneur pour combler sans doute le manque de moyen dont il disposait, à s’attacher aux personnages et leurs quêtes avant tout (sauver l’être aimé). Si les scénarios servent généralement de prétexte pour filmer des courses poursuites ou des fusillades, ses films en prenaient le contrepied en allant au fond de ce que traversaient les personnages, leur raisonnement mais aussi leurs voyages émotionnels (notamment dans Pour Elle).
Dans Mea Culpa, on pourra le regretter (ou pas), Cavayé ne se sent plus le besoin d’autant s’attacher aux personnages et l’on remarquera un scénario légèrement plus cliché et attendu par moment que ses anciens films: les clans de flics rivaux, une hiérarchie forcément bête et méchante, flics rongés par la culpabilité, etc.
Mais ce que l’on pourrait perdre en subtilité dans l’histoire, on le gagne en intensité dans l’action, en virtuosité dans l’utilisation de la caméra et à ce niveau, le film est un petit bijou. Que les scènes d’actions soient crédibles ou non dans la vraie vie, on ne se posera jamais la question devant le film et l’on vivra à 100% les scènes avec les personnages. La photographie est excellente, tout comme le montage ou le cadrage, magnifiant et rendant les scènes d’action nerveuses au possible sans jamais devenir illisible.
C’est bien simple, sur le plan formel, le film est un uppercut, les scènes de combat seraient dignes de figurer dans un Jason Bourne (magnifiques chorégraphies) quand les scènes de fusillades feront immanquablement penser à Michael Mann (notamment la scène dans la boîte de nuit), le maître en la matière. La gestion du suspens est assez impressionnante, la tension ne relâchant presque jamais, sauf en de rares occasions pour faire relâcher la pression ou nous faire rire.
Cavayé avait déjà prouvé qu’il savait diriger des acteurs dans ses précédents films, il le confirme encore une fois avec ses acteurs fétiches (il faut dire qu’avec des Rolls pareilles, difficile de se planter).
Lindon est exceptionnel, comme à son habitude, dans le rôle de ce flic brisé, revenant à la bataille comme un ancien shérif déchu, mais je retiendrais personnellement la prestation de Lellouche, rôle assez difficile au demeurant et dont il se sort à merveille. Les autres acteurs sont tous très bons même si la plupart des autres personnages sont relativement unidimensionnels et donc moins intéressants à voir.
Si l’histoire est relativement clichée, le final réservera son lot de surprises et donnera une deuxième lecture du film assez intéressante. Par moment, je me suis dit que le film est un peu ce qu’aurait dû être Only God Forgives de Nicolas Winding Refn (il est d’ailleurs intéressant de voir que c’est Cliff Martinez, compositeur attitré de Nicolas Winding Refn depuis Drive qui compose la musique du film) dans cette représentation du cercle vicieux et inarrêtable de la vengeance.
D’ailleurs, il faudra préciser que le film est extrêmement violent et ne pourra pas être vu par les plus jeunes, certaines scènes pouvant vraiment être choquantes (il ne faut pas oublier que l’idée initiale du script revient à Oliver Marchal dont les films sont reconnus pour leurs traitement sans concession de la violence).
Au final, si je reste convaincu que Pour Elle est le chef d’œuvre de Cavayé pour son intelligence dans l’écriture, je retiens de Mea Culpa un bijou de film d’action, réellement digne des productions hollywoodiennes qui mérite d’être vu pour ce qu’il est, un grand kiff de réalisateur qui veut faire plaisir aux spectateurs aussi fan que lui du cinéma d’action.
Ceci étant dit, le film mérite d’être un succès car dans une industrie du cinéma français où les producteurs frileux refusent de prendre des risques en estimant que la France ne comporte pas assez de talent pour vendre ce genre de film et rivaliser avec les américains, Cavayé les fait mentir en montrant qu’un bon réalisateur peut vraiment faire un truc super avec un « petit » budget.
Je vous recommande donc chaudement d’aller voir ce Mea Culpa dont les équipes du film n’auront jamais à s’excuser !
Quai d’Orsay est le dernier film de Bertrand Tavernier, adapté de la bande dessinée éponyme de Christophe Blain et Abel Lanzac parodiant plus ou moins la préparation du fameux discours de Dominique de Villepin (alors ministre des affaires étrangères) du 14 février 2003 devant le conseil de sécurité des Nations Unies en opposition à la guerre en Irak.
Synopsis:
Alexandre Taillard de Worms est grand, magnifique, un homme plein de panache qui plait aux femmes et est accessoirement ministre des Affaires Étrangères du pays des Lumières : la France. Sa crinière argentée posée sur son corps d’athlète légèrement halé est partout, de la tribune des Nations Unies à New-York jusque dans la poudrière de l’Oubanga. Là, il y apostrophe les puissants et invoque les plus grands esprits afin de ramener la paix, calmer les nerveux de la gâchette et justifier son aura de futur prix Nobel de la paix cosmique. Alexandre Taillard de Vorms est un esprit puissant, guerroyant avec l’appui de la Sainte Trinité des concepts diplomatiques : légitimité, lucidité et efficacité. Il y pourfend les néoconservateurs américains, les russes corrompus et les chinois cupides. Le monde a beau ne pas mériter la grandeur d’âme de la France, son art se sent à l’étroit enfermé dans l’hexagone. Le jeune Arthur Vlaminck, jeune diplômé de l’ENA, est embauché en tant que chargé du “langage” au ministère des Affaires Étrangères. En clair, il doit écrire les discours du ministre ! Mais encore faut-il apprendre à composer avec la susceptibilité et l’entourage du prince, se faire une place entre le directeur de cabinet et les conseillers qui gravitent dans un Quai d’Orsay où le stress, l’ambition et les coups fourrés ne sont pas rares… Alors qu’il entrevoit le destin du monde, il est menacé par l’inertie des technocrates.