Qui n’a pas un jour connu cette frustration lors d’achat de billets de concerts ou de festival, de voir la mention épuisée ou sold out ? Il y a même des manifestations qui s’écoulent en quelques secondes, des serveurs de billetterie en ligne pris d’assauts par les fans… Bon, soit. On peut se dire que c’est pas de chance, qu’avec des milliers voir des millions d’autres personnes souhaitant assister à ce concert ou même des millions d’autres fans à travers le pays voir le monde que c’était statistiquement peu probable que l’on ait une place. Ça frustre mais c’est compréhensible. Le pire n’est pas là.
Le pire survient quand, quelques heures, jours voire minutes après l’affichage de la mention complet sur l’évènement, on voit fleurir partout sur la toile des offres de reventes de billets à des prix dépassant l’entendement. Deux, trois fois le prix, parfois plus. Un exemple récent assez parlant est le concert londonnien de Coldplay au Royal Albert Hall de Londres, sold out en moins de 30 secondes qui a vu des offres de revente de billets à plus de 1 500£, plus de dix fois le prix d’origine. La législation anglaise est peut-être différente sur la revente abusive de places de concerts mais bon sang, que ça énerve !
Les consommateurs, les premières victimes de ce marché noir
A notre échelle d’amateurs de musique, ce que l’on voit c’est cette augmentation disproportionnée des prix des billets de concerts ou de festival. il ne s’agit pas d’une condamnation de cette pratique ou de dire « bouh, revendre, c’est mal ! », au contraire : on s’est tous plus ou moins retrouvés dépourvu lorsque le temps d’acheter un billet fût venu, comme la Fourmi de la fable de La Fontaine, oui oui. On a alors eu le réflexe d’aller voir sur les sites de revente et on a encore parfois eu la chance de tomber sur un billet revendu à son prix d’achat, moyennant paiement des frais de port. Et alors, on a bien été contents de pouvoir assister à ce concert que l’on voulait tant voir !
Le problème se présente pourtant lorsque l’on voit que des personnes en profitent pour se faire des sous sur notre dos, parce qu’ils savent bien que certains fans seraient prêts à mettre des sommes astronomiques pour voir leur groupe ou artiste favori en live. Les billets sont parfois achetés en grandes quantités dans le but seul d’une revente future, diminuant ainsi le nombre de places disponibles, alors que d’autres auraient bien voulu y aller. Et le jour du concert, on se retrouve parfois avec des dizaines de places vides qui n’ont pas été rachetées à cause de leur trop gros prix de revente et donc, ça pêche.
Cette situation ne touche pas que les consommateurs, elle affecte aussi l’industrie du spectacle et de la culture, les producteurs et distributeurs tout comme les salles et les lieux où se déroulent les manifestations. La pratique du marché noir pour les places de concerts n’est pas nouvelles mais l’arrivée des billetteries sur Internet a modifié et renforcé cette pratique de revente abusive. Face à cette mutation, des changements dans la législation notamment ont dû apparaître. Mais qu’en est-il vraiment ?
La situation législative en France
Chez nous, la revente de billet pour toute manifestation culturelle ou sportive est régie par une loi datant de 1919. Face à l’élargissement de cette pratique sur Internet, les sociétés et associations de producteurs et distributeurs, du monde du spectacle et même de consommateurs ont attiré l’attention du Législateur sur ce problème.
Une loi a été votée à cet effet le 12 mars 2012, condamnant toute revente jugée abusive de places de concerts, sanctionnée par une amande pouvant aller jusqu’à 15 000€. Des affaires de justice ont également fait parler dans la presse, comme celle du Festival des Vieilles Charrues contre le site de revente Viagogo.
Le tout, c’est de déterminé ce qui est entendu par revente abusive. Le montant ? La fréquence de revente par un individu ? C’est apparemment au juge de statuer en la matière, si poursuite judiciaire il y a. Le souci, c’est que ce sont souvent des cas isolés pour un nombre de place revendu limitée et que le consommateur sera plutôt pris de dépit par de tels prix que vraiment tenté d’engager une action en justice.
Du coup, on fait quoi ?
Nous n’avons pas pour prétention de proposer des solutions, parce que bon on est pas tous puissants non plus. Des dispositifs ont d’ores et déjà été mis en places par certains distributeurs et salles de concert, notamment sur la limitation du nombre de billet possible par achat, souvent limité à 2 ou 4 par personne ou sur la présentation, au moment du retrait des places, souvent le jour même du concert, de la carte bancaire ayant servie à effectuer l’achat du billet.
On peut voir ces mesures comme répressives, dans le cas où, par exemple, on s’est fait offrir les places et qu’on n’a pas la carte bancaire de l’acheteur sous le coude. Mais si cela peut réduire le phénomène de marché parallèle du spectacle, n’en vaut-il pas la peine ?