En étroite collaboration avec le romancier Dennis Lehane, Michaël R. Roskam réalise son deuxième film au cœur des bas-fonds de Brooklyn.
« Je suis juste barman. »
Synopsis : Bob Saginowski, barman solitaire, tient avec son cousin Marv, un de ces « drop bars », un établissement utilisé pour le blanchiment d’argent de la mafia. Sa vie s’écoule tranquillement jusqu’au jour où le bar est braqué. Il découvre ensuite un chiot blessé et fait la connaissance d’une fille. Trois éléments « anodins » qui viennent perturber son banal quotidien.
Cette fois-ci, Michaël R. Roskam vise plus haut, plus grand et surtout plus américain. Après un premier long-métrage centré autour du trafic d’hormones en Belgique, il filme désormais une spirale infernale et mortelle avec comme toile de fond la mafia de Brooklyn. Pour cela, il fait appel au maître du roman noir Dennis Lehane, romancier à l’origine de Mystic River ou encore Shutter Island, qui adapte en scénario sa propre nouvelle (Sauve Qui Peut). Le réalisateur va même s’offrir un casting de luxe ! On retrouve l’ex-star des Sopranos, feu James Gandolfini, parfait dans un rôle pouvant servir de fin alternative à la série d’HBO, ainsi que le britannique Tom Hardy, impeccable, et pour la troisième fois son protégé, Matthias Schoenaerts.
Aux apparences classiques, le film se révèle être d’une terrible efficacité. En effet, bien que la réalisation ne paie pas de mine, certaines scènes peuvent s’avérer très efficaces grâce à leur photographie soignée et leur bande son alternant ambiance discrète et vacarme silencieux. Mention spéciale à la scène du Super Bowl dans le bar où la mise en scène se distingue par un montage astucieux et des mouvements de caméra (littéralement) renversants. Comparable aux films d’actions lents que peut nous offrir un certain James Gray, le film commence sagement, attendant (trop ?) patiemment l’heure de l’explosion finale. Une explosion inattendue pouvant laisser le spectateur coi tant la scène est d’une rare violence.
J’en viens désormais au point noir de Quand vient la nuit . La longue mise en place des éléments du scénario est perçue comme un atout pour certains mais d’autres (dont moi) peuvent facilement décrocher pour reprendre le fil du récit quelques minutes plus tard. La première moitié du film peut donc rapidement sembler inutile voir même ennuyante mais elle prend tout son sens lorsque le personnage de Matthias Schoenaerts entre en jeu.
Autre comparaison, celle à Drive de Nicholas Winding Refn. Les deux films sont étrangement proches sur plusieurs points. N’y voyez pas un quelconque défaut mais une étrange ressemblance entre les deux oeuvres. Rencontre sentimentale, figure paternelle incarnée par un acteur récompensé aux Emmy Awards (je vous l’accorde, cette fois c’est bien une pure coïncidence) et personnages principaux solitaires, taciturnes et capables de tout (je reste vague pour éviter tout spoil). Notez que ce rapprochement entre les deux films est peut-être le fruit d’une perception très personnelle et de mon imagination trop débordante.
En conclusion, le spectateur se retrouve pris par le jeu des personnages dans un polar à la fois sombre par son histoire mais lumineux par ses acteurs. Le film ne figurera probablement pas au panthéon des films du genre mais a le mérite d’offrir à James « Tony S. » Gandolfini un mémorable adieu.
Je suis vraiment content d’avoir lu votre article que je trouve pertinent