Juin sonne la cloches des écoles, c’est enfin les vacances, et nos oreilles ont le temps de s’acclimater à de nouvelles expériences sonores. Ci-dessous, vous découvrirez dix disques exceptionnels qui vont accompagner nos journées d’été.
The Drums
The Drums a sorti le 16 juin chez ANTI-, leur quatrième album « Abysmal Thoughts » ô combien attendu par la horde de fans du beau blond de chanteur. La genèse de cet album est liée à une histoire personnelle que Jonny, le leader du groupe, a vécu avec beaucoup d’intensité : une rupture amoureuse douloureuse. Et d’office, ça se sent : d’un côté, les derniers épisodes émotionnels qu’a vécu Jonny ont donné matière à l’inspiration : « If All We Share (Means Nothing) parle bien d’une séparation. D’une autre part, sur certaines musiques, le rythme se fait plus laconique dans « Head Of The Horse », par exemple, où il chante d’ailleurs « Here we go again, all these memories are coming back at me ». Comme l’indique le titre de l’album, l’évocation de souvenirs en amènent d’autres et c’est cette mine d’or de réflexions qui pousse Jonny à produire ici l’un de ses meilleurs albums. Pour en savoir plus sur les conditions de création de cet album, veuillez vous reporter à notre discussion avec Jonny parue sur Efflorescence Culturelle.
Guts
Donc, voilà, si vous aimez vous battre, ce n’est pas notre cas. Vous voulez devenir une star ? Tentez votre chance mais restez poli. Vous regrettez Martin Luther King ? Les Guts aussi, et ils le chantent dans leur titre « Stop The Violence », bourré de références pour la comédie musicale « Selma », mise en scène en 1976 par un certain Tommy Butler. L’album « Stop The Violence » des Guts sorti le 23 juin chez Heavenly Sweetness, fait traverser plus de choses que la pochette en elle-même et son hippie brun à longue barbe désabusé par le temps. Car depuis Woodstock, les complaintes musicales pour défendre des droits civiques n’ont jamais cessé. Pour plus de bonus, mettez le casque et écoutez le hip hop énervé des Guts en intégralité sur YouTube.
Big Wool
Big Wool n’est pas un groupe sans expérience. Les cinq membres qui le composent sont issus d’autres projets musicaux. D’ailleurs, chacun a brillé dans son registre (San Carol, Coco Grrrls, VedeTT, Scènefonia et Pony Pony Run Run). En anglais, Big Wool signifie « grosse laine ». Un nom qui colle au premier album de la bande de cinq, nommé « Big Wool » (et sorti le 2 juin chez Kütu Records). La grosse laine évoque une métaphore : les liens qui unissent les membres, leurs expériences mêlées les unes aux autres, la maturité ainsi que les influences diverses, de la pop au rock des années 90, qu’ils ont laissées derrière eux pour aller de l’avant. Aujourd’hui, ils reviennent avec un projet versant dans la dream pop et dans un shoegaze intéressants qui pourraient ramener au son de Slowdive ou Yo La Tengo. « Nous n’essayons pas d’imiter la musique de cette période, car à quoi bon faire référence au passé ? », se demandait Maxime Dobosz, chanteur du groupe. Peut-être qu’un jour, Big Wool deviendra un groupe du passé à qui l’on fera régulièrement allusion. Et c’est aussi bien !
Beach House
« Les Beach House me dépriment mais d’une manière joyeuse… je n’ai pas d’autres mots pour le décrire », commentait quelqu’un sous la vidéo YouTube qui reprend en intégralité l’album « B-Sides & Rarities » sorti le 30 juin chez Bella Union. Si vous avez une autre manière de décrire le sentiment de planitude procuré par la musique des Beach House, n’hésitez à nous en faire part, pour qu’on puisse mettre des mots sur cet album indescriptible comme sur les autres… toujours aussi puissants avec leur dream pop surpuissante. Gros coup de coeur pour la sixième piste addictive, « Baseball Diamond ».
Adian Coker
L’histoire du rappeur de 29 ans du South London, Adian Coker, est pour le moins saisissante. En 2012, il se fait remarquer par le label français Kitsuné, alors lancé sur la petite scène émergente des rappeurs britanniques. Avant de tomber dans les bras de la musique, il a notamment été éducateur pour jeunes en difficultés et animateur de workshop musicaux en prison, révèle le site Hip hop infos France. Aujourd’hui, nul doute qu’Adian fait partie des plus grands rappeurs et beatmakers de l’Angleterre. Souvent, l’artiste se désole de l’absence d’une scène labellisée hip hop dans son Royaume-Uni : « On a un marché hip hop lié au hip hop américain, mais on n’a pas une culture hip hop assez forte pour en avoir un propre au Royaume-Uni. Même si les artistes britanniques n’imitent pas les américains, s’ils font de la musique de qualité les gens diront qu’ils essaient de faire de l’américain. », déclarait-il dans une belle interview publiée sur le site du magazine Surl (une pépite de magazine où l’on fait un tas de découvertes hip hop, avis aux amateurs…). A retrouver : l’EP « Buena Vistas » disponible depuis le 2 juin chez Kitsuné.
My Own Ghosts
On est charmé par My Own Ghosts, une découverte shoegaze signée chez le label Finalistes. A la tête du duo, on retrouve le non moindre Kid Loco, le fondateur du label Bondage qui avait repéré avant tout le monde les Bérurier noir au début des années 80. En début d’année, il accouplait sa guitare avec la voix de Thomas Richet du groupe Old Mountain Station (« un groupe rock très folk ou un groupe folk très rock », disait-il) pour sortir ensemble leur premier EP (le seul ?). A vrai dire, pour voir peu été accoutumé à ce genre, mais plutôt à celui de Kid Loco lui tout seul, il faut se reprendre à plusieurs fois pour savourer comme il se doit ce disque empreint d’influences qui forment un méli-mélo de je ne sais quoi, entre l’americana, le vieux rock des années 60 et un shoegaze (innovant ?), c’est le joyeux bazar dans nos têtes mais pas dans nos pieds qui tapotent.
Jaffna
Ils pourraient être la relève de Parov Stelar. Bravin, un pianiste d’origine sri-lankaise et Stan, un chef cuisiner français se rencontrent lors d’un voyage à Oslo en 2014. Trois ans plus tard, ils sortent en avril leur premier EP quatre titres « Ripples » sur le label Intuitive Records (fondé par Thylacine). Le morceau « Elle » nous rappelle directement les influences électro-swing de Stelar tandis que « Immersion » renvoie à des influences électroniques telles que Superpoze ou encore Pavane Ils tombent d’accord sur une musique universelle : car si on est un groupe Franco-Sri-Lankais et qu’on compte Parov Stelar et Superpoze parmi ses influences, on marque déjà des points. Pour un premier disque, l’essai est réussi. Un vrai délice.
The Cats Never Sleep
En feuilletant le programme du Pop Club records, un « indie pop label based in the Alps » dans la description de leur site, on prend des nouvelles d’un groupe, Magic & Naked, qu’on avait interviewé l’année dernière. On fait aussi la découverte de groupes qui nous ont échappé (sans déconner, vous êtes trop nombreux à éplucher les gars !). Les suisses de The Cats Never Sleep nous ont tapé dans la lucarne. On a mis la main sur « Massage », leur premier album après un EP et des 45 tours tournés chez nos amis les anglais sur le label Fruits de Mer records. Ce qu’on aime chez eux ? Le mélange de ce qui semblerait être leurs influences : jazz, swing, pop et rock. Leur musique, c’est un peu comme si les Arctic Monkeys se mettaient au rock californien. Carrément bizarre mais atypique !
Luca d’Alberto
En vous apprêtant à écouter Luca d’Alberto, vous signez l’autorisation de vous mettre à découvert. Pendant les trente neuf minutes d’écoute de son nouvel album « Endless », vous baissez les armes. Vous laissez la quiétude vous gagner, et vous laissez la musique classique du compositeur italien prendre le pas sur vos émotions. « Endless », on aimerait qu’il le soit, sans fin ce disque sorti le 2 juin chez 7K!, le label de musique classique de !K7. Un album fait de caresses à l’âme, ou le temps est suspendu au violon et au piano du musicien. Et en plus de ça, il est un fan inconditionnel de l’œuvre de Hans Zimmer, alors il n’y plus qu’à ouvrir les bras et fermer les yeux, on est tout à toi, Luca.
Ride
Près de 20 ans après leur dernier album « Tarantula » (qui n’avait pas suscité de grans émois), l’un des groupes les plus emblématiques d’Oxford en terme de shoegaze revient avec un cinquième opus ravagé. En témoignent les paroles dans leurs textes : dans le titre « Lannoy Point », Mark Gardner (le chanteur) a notamment expliqué que la chanson parlait de sa vision du Brexit, de l’espoir souvent aveugle des gens pour le changement. Mais à quel prix ? « Peut-être que le Brexit sera l’occasion de se retrouver et de se recentrer sur les vrais problèmes. J’espère que ce bouleversement va nous permettre de redonner du sens aux choses et de trouver une issue à toute cette pagaille. » Au-delà des propos, la musique de Ride perd de sa matière, le shoegaze, qui faisait jusque-là son identité. Le groupe cherche probablement à se réinventer vers un nouveau style plutôt gentillet de la pop song des années 90. Ça marche assez bien. « Weather Diaries » est disponible chez Wichita et [PIAS] depuis le 16 juin.
Auriez-vous un lien vers quelque chose de My Own Ghosts ?
Leur reprise de Fuzzy est excellente!
Bonsoir Marc, oui, le groupe a une page Bandcamp où on peut acheter leur album numérique ou juste écouter leur dernier album (https://myownghosts.bandcamp.com/releases). La troisième piste est une perle !
Merci !