« SYN. A la suite de circonstances indépendantes de sa volonté, une jeune étudiante voit ses capacités intellectuelles se développer à l’infini. Elle « colonise » son cerveau, et acquiert des pouvoirs illimités. »
Qu’on se le dise, les nombreux avis sur ce film sont partagés. Pas assez saisissant pour certains, qui condamnent la médiatisation exagérée de la réalisation, au contraire, un vrai retour de Besson pour d’autres ; le film ne manque pas de séparer l’opinion publique ! Pourtant, tout semblait être bien parti : un casting sympathique – Scarlett Johansson + Morgan Freeman, comme si ça pouvait rater – un réalisateur qui tient (presque) toujours ses promesses – Nikita, Léon, Le Grand Bleu, Le Cinquième Élément, et on en passe – et un synopsis pour le moins entraînant. Bref, combo ! Alors, pourquoi autant de déceptions ? Que devons-nous penser ?
Le commencement pour commencer – pourquoi pas – parlons médiatisation. Les médias, en effet, nous avait annoncé, il y a de ça quelques semaines, la sortie d’une production grandiose sur grand écran. BA explosive, acteurs expérimentés, réalisateur français et pas n’importe lequel, synopsis qui tient la route… Enfin, tout pour un carton plein au box-office. Et ça n’a pas raté ! Lucy est le meilleur démarrage de la carrière du réalisateur ! Et le nombre d’entrées ne cesse de croître ! Mais cela pas seulement chez nous, puisque, pour sa sortie outre-atlantique, c’est la même effervescence : Lucy se place en tête du box-office, avec 44 millions de dollars de recettes. Un démarrage plutôt (très) prometteur.
Et si la réalisation est aussi attractive c’est aussi grâce aux effets spéciaux, qui ne manquent pas dans le film. Certaines scènes sont rendues exceptionnelles, mais pour cela je n’en dirais pas plus, vous avez rendez-vous dans les salles.
C’est qu’en plus Luc Besson maintenait le suspens pour ses chers fans. En effet si vous vouliez en savoir plus, le réalisateur de Nikita avait lancé une chasse aux codes secrets sur le site http://www.lucy-everywhere.com, avant la sortie dans les salles de Lucy, qui vous donnez accès à différents extraits inédits du film, ingénieux vous avouerez ! De quoi faire monter l’adrénaline.
Tout ça en 1h29. La durée de la production fait en effet polémique. Il est vrai que nous ne sommes plus habitués au film de type science fiction/action aussi succincts, et pourtant, Luc Besson nous démontre qu’on peut sortir une réalisation de ce type en 1h29, en laissant le public cloué sur son fauteuil – de fascination ou de déception d’ailleurs. Et j’ose vous dire qu’il n’en faudrait pas plus ! Il est clair que ça va vite, parfois un peu trop, mais rassurez vous, 100% des capacités de votre cerveau ne vous seront pas nécessaires.
Alliant philosophie, sciences, théories, hypothèses, le cinéaste s’appuie sur le mythe de l’utilisation incomplète du cerveau. En effet, l’humain comme nous le connaissons utiliserait seulement 10% de ses capacités cérébrales. Au-delà, il se verrait acquérir des capacités physiques et intellectuels hors-normes. Bien que le thème « pouvoirs surnaturels » soit vu et revu, nous sommes bien loin du Marvel avec une héroïne volante. L’origine de la vie est signifiée, la théorie scientifique explicitée, le film en devient surprenant, enrichissant, fascinant.
Puis, il y a la seconde facette du film, davantage réelle et beaucoup moins bien exécutée, qui oppose un réseau de trafiquants coréens, mené par Choi Min-sik, à la police française. Les scènes violentes et sanglantes sont au rendez-vous – la marque de fabrique Besson – et alors le spectateur est propulsé dans un monde corrompu, violent, où règne les trafics de drogues, les meurtres et l’injustice. Besson, au passage, ne manque d’ailleurs pas de dénoncer explicitement les deux camps.
Lucy, quant à elle, est incarnée par Scarlett Johansson et n’est vraiment pas attachante du tout, du tout. Le rôle est cependant magnifiquement bien joué. En effet, plus Lucy acquiert des capacités cérébrales, moins elle devient humaine. L’actrice se voit alors posséder d’un rôle, où toute démonstration de sentiment lui est impossible. Ainsi, Besson met en scène un personnage vide de sens, qui ne ressent rien, n’a pas peur et s’exprime sur un ton monotone. Scarlett Johansson relève ce défi, pas si facile que ça, on imagine !
Seul bémol à ce rôle original, c’est que Lucy ne nous inspire pratiquement rien, du fait de son manque progressif de compassion, le spectateur ne retrouve pas ce lien qui l’unissait aux actrices Anne Parillaud, – dans Nikita – ou encore Nathalie Portman – alias Mathilda, dans Léon. Une déception qui affecte plus ou moins selon les attentes.
Autre déception : Morgan Freeman, qui n’a pas le temps – ni le script – d’exprimer son talent. Bien que sa conférence soit intéressante et nécessaire, bien que les rôles de savant/sage/intellectuel lui aillent comme un gant et bien qu’on l’aime (vraiment très fort), son rôle n’est que secondaire, voire inutile.
En toute honnêteté, et pour votre bien de spectateur, tirer une conclusion et trancher entre avis positifs et négatifs, serait mal venu. En effet, les goûts et les couleurs ne se discutent pas, et de toute façon personne ne pourra vous influencer. Et pour ceux qui – comme moi – ne savent toujours pas réellement quoi penser, dites vous simplement que Besson est un réalisateur bourré de talent – ce que (presque) personne ne viendra contester – et qu’il a, malgré les petits défauts et les déceptions, était très fort sur ce coup là.
Lucy is everywhere.