Passenger était de passage le 18 Novembre au Bataclan à Paris et j’ai eu la chance de me rendre à ce concert. Certaines personnes n’écoutant pas la radio et ne regardant pas souvent la télévision ne connaissent sûrement pas ce chanteur à la voix d’ange envoûtante, ce qui est bien dommage d’ailleurs. Passenger alias Mike Rosenberg est un auteur, compositeur et chanteur de folk britannique. Il forme en 2003 le groupe Passenger avec Andrew Phillips, groupe qui ne sortira qu’un seul album acclamé par la critique avant de se séparer en 2009. A partir de ce jour, Mike Rosenberg lance sa carrière solo. Ce jeune anglais aux nombreux talents décide de partir, le vent le portera alors jusqu’en Australie où il se retrouve à jouer dans la rue seul avec sa guitare ou dans les bars pour se faire connaître. Ce voyage initiatique réussit à Mike Rosenberg, il lui permet notamment de faire la rencontre de nombreux artistes et d’écrire certaines de ses meilleures compositions. Habitué à faire les premières parties, il commence alors à connaître une certaine notoriété en Australie où il réussit à remplir des petites salles. Il sort deux albums en solo : Wide Eyes Blind Love en 2009 et Flight of the Crow en 2010 avant de connaître la véritable consécration. En 2012, il sort son troisième album : All The Little Lights, il se retrouve alors à faire la première partie de Ed Sheeran sur sa tournée. Tout se déclenche pour cet anglais au look de bûcheron. Le single Let Her Go devient un véritable hit, son album connaît quant à lui un vrai succès se retrouvant disque d’or en Grande Bretagne et disque de platine en Australie.
Ses concerts en solo se remplissent, les salles s’agrandissent, les dates se retrouvent en sold-out rapidement, la tournée s’allonge, la consécration arrive enfin pour cet artiste au grand cœur. 2013 est définitivement l’année de la reconnaissance pour Mike Rosenberg. Reconnaissance amplement méritée.
18h30, les vigiles du Bataclan commencent à faire rentrer le public dans la salle. Il y a du monde, beaucoup de monde, nettement plus qu’à son dernier concert dans la petite salle du Trabendo. Force est de constater que la moyenne d’âge est assez large. Des jeunes mais aussi des personnes plus âgées, des parents avec leurs enfants, il y a de tout parmi les 1500 personnes présentes ce soir là. 19h30, les lumières et la musique de fond du Bataclan s’éteignent enfin pour laisser la place aux deux artistes présents ce soir.
La première partie n’est pas assurée par n’importe qui, mais par un deuxième troubadour des temps modernes, accessoirement meilleur ami de Mike Rosenberg, Stu Larsen, un grand australien au physique de Viking avec ses longs cheveux blonds et sa grande barbe. Le public est rapidement conquis par cette voix angélique accompagnée d’une simple guitare, racontant ses nombreux voyages à travers des textes touchants et sincères. Il enchaîne les chansons douces et authentiques, racontant entre chaque des petites anecdotes. On s’imagine parfaitement écouter la très jolie Paper Sails assis sur un banc dans un jardin ensoleillé. Les mimiques de son visage lorsque les notes montent plus haut font partie intégrantes du show. On se surprend à rêver et à vouloir partir en Californie lorsqu’il entonne la très folk San Francisco.
Notre troubadour australien finit par annoncer sa célèbre reprise de la bouleversante et touchante Fix You de Coldplay qui fait partie de ses (et de mes) chansons préférées. Tout est maitrisé dans cette version délicate du célèbre slow, sa voix suffisant à rendre le tout très émouvant. Je n’ai qu’une seule envie, chanter toutes les paroles en chœur avec Stu. Le chanteur des terres australes terminera son concert, harmonica autour du cou, avec This Train. Le voyage s’arrêtera malheureusement là, le public applaudissant chaleureusement cet artiste talentueux.
Notre barbu préféré (du moins le mien) finit par arriver sur scène, acclamé par son public déjà conquis alors qu’il n’a pas encore commencé à chanter. Mike est heureux d’être parmi nous, heureux de voir autant de personnes pour entendre sa musique. Il commence par la très jolie Fairytales & Firesides, le ton du concert est donné. Passenger célèbre pour adorer raconter des histoires nous livre la première de la soirée. Celle d’une jeune fille qui durant toute une chanson n’avait pas osé éternuer bruyamment de peur de le déranger. Il nous annonce alors vouloir qu’on fasse du bruit, qu’on ne se retienne pas, qu’on ne doit pas être timide. J’obéis docilement et m’exécute en reprenant bruyamment, ce qu’il remarquera d’ailleurs, Life’s for the Living, cette chanson porteuse d’une philosophie de vie que j’aime particulièrement. Mike Rosenberg aime entendre un public enjoué et il a de l’énergie à revendre. Il pourrait même rendre certains groupes de rock jaloux croyez-moi.
Passenger décide alors de débrancher sa guitare pour nous offrir une version acoustique de Blind love. Tout est calme dans la salle qui écoute, comme envoûtée. Je regrette simplement les quelques personnes se permettant d’apprécier trop bruyamment en sifflant joyeusement durant ce moment intimiste. Ce concert est comme envahi par une vague de bonne humeur. Le show se poursuit, avec notamment The Wrong Direction et What Is Love. On ressent son bonheur qui est communicatif, il parvient jusqu’à moi en tout cas. Sa musique a enfin trouvé le public qu’elle mérite et il en est fier. Il n’est pourtant pas dépassé par les salles plus grandes qu’auparavant. Il a tout fait pour arriver où il en est aujourd’hui, ce n’est pas un novice. Il contrôle parfaitement chacune de ses chansons, il sait comment plaire à tous ces gens, dégageant une aura autour de lui. Une nouvelle histoire vient faire la liaison entre deux morceaux, celle de son arrêt du tabac avec la rencontre d’un monsieur, atteint d’un cancer, en pleine nuit dans New York, cigarette à la bouche. L’histoire touchante de cet homme lui inspirera d’ailleurs l’une de ses nouvelles compositions : Riding to New York. Chanson tout simplement bouleversante. Mike Rosenberg aime raconter des histoires vraies. Les siennes ou celles des personnes qu’il a pu rencontrer dans ses différents voyages et il le fait particulièrement bien à l’aide de sa belle plume et de sa guitare brute. Aussi très à l’aise sur les reprises, il nous interprétera une version bien à lui de Sound of Silence de Simon & Garfunkel, avant d’enchaîner sur I Hate. Musique dans laquelle il dénonce toutes les choses de la vie quotidienne qu’il déteste particulièrement, nous invitant à reprendre avec lui les « la la la la la la » et à chanter plus fort lorsqu’on est d’accord avec ses paroles. Les gens rigolent, l’ambiance est joyeuse grâce aux paroles amusantes de la composition mais aussi grâce à notre barbu qui met du cœur à l’ouvrage en poussant sa voix, déchainant sa guitare et nous encourageant si nécessaire.
Il reprendra ensuite de façon très personnelle le hit de l’année : Get Lucky de Daft Punk avant d’enchaîner sur son hit Let Her Go. Il déclenchera d’ailleurs les rires dans la soirée en annonçant vouloir en faire un dubstep remix, ce qui était bien évidemment, une blague typiquement anglaise. Malgré le succès de cette chanson, l’émotion est palpable grâce aux paroles poignantes écrites pour une ex-petite amie. Ses compositions ne sont pas simplement des mots s’enchaînant, elles sont porteuses d’un vrai message, comme 27, qu’il interprétera après nous avoir dit de suivre nos rêves et de ne jamais écouter les gens.
Vient l’heure de son duo avec Stu Larsen sur Heart’s On Fire. Chanson d’amour faite parfaitement par les deux troubadours. Mike réussit à retranscrire les peurs du quotidien et de la vie au travers de sa nouvelle ballade, Scare Away The Dark, que j’avais eu l’occasion d’entendre et qui avait été dès la première écoute un véritable coup de cœur grâce au texte induisant une vraie philosophie de vie ( « feel, feel like you still have a choice if we all light up we can scare away the dark »)
On ne veut pas laisser partir ce britannique à la voix captivante, le public entonnera en choeur les « woh oh oh oh » du refrain de Scare Away The Dark, en applaudissant bruyamment pour le faire revenir. Passenger réapparaît alors pour deux nouvelles chansons : Table for one, qu’il joue suite à la demande de quelques personnes et la joyeuse Holes. C’est le bouquin final, mais pas n’importe lequel.
Le concert était sold-out depuis déjà quelques semaines et je comprends parfaitement pourquoi. Mike Rosenberg est talentueux, très talentueux, maniant la plume avec perfection et jouant avec passion lorsqu’il est sur scène. Le lyrisme de sa voix, sa sympathie et sa proximité avec le public lui faisant gagner de plus en plus de fans. Le succès lui réussit, le rendant plus heureux et plus déchainé. Un artiste qui a du cœur, comme je les aime, et qui ne prend pas la grosse tête.
Set list : Fairytales & Firesides / Life’s for the Living / Blind Love / The Wrong Direction / What is Love / Riding to New York / The Sound of Silence (Simon & Garfunkel cover) / I Hate / Patient Love/ Get Lucky (Daft Punk cover) / Let Her Go / 27 / Heart’s On Fire / Scare Away the Dark / Table for One / Holes