Photos Trans, Hall 9

Les Trans en cadence

Source de découvertes, les Trans Musicales de Rennes ont une fois de plus rempli leur rôle de médiateur d’artistes émergents. Une quarantième édition placée sous la pureté musicale de pépites emplies de groove.

Photos Trans, Hall 9
Le Hall 9 des Trans Musicales. Crédit photo : Flavien Larcade/Efflorescence Culturelle.

Difficile de tirer un trait sur ces jours de bringue. Du 5 au 9 décembre, la ville de Rennes tremblait pour fêter l’un des anniversaires les plus attendus de l’année : les 40èmes Rencontres des Trans Musicales de Rennes. Festival porté sur des découvertes aussi locales qu’internationales, en prendre congé est complexe tant les sonorités restent présentes entre les tympans. Et pour cause, si deux soirées permettent de tâter une programmation intense en groove, elles ne suffisent pas à entrevoir l’ensemble d’un festival riche en sensations.

Vendredi groovy

Première escale du vendredi dans le Hall 9 du parc des expositions de Rennes. Ekity Sound a du mal à mettre le feu aux poudres. Si une alchimie se dégage entre les artistes sur scène, difficile de la transmettre à un public boudant les approximations dans les transitions. Un sentiment cependant de courte durée lorsque la voix d’Ekity résonne d’une soul enivrante et cajoleuse. Le nigérian ne demande en effet qu’à fignoler un style prometteur. De quoi commencer en douceur avant d’aller taper du pied vers la Greenroom du hall 4.

Perché sur son estrade, Bruno Belissimo affole les curieux venus en nombre. Montée de tension au son d’un italo disco maîtrisé (quoi que prévisible par instants). Le DJ Italo-canadien intrigue par la basse qu’il balade aux quatre coins de son terrain de jeu. Il ne tient pas en place, tout comme les festivaliers : les voilà parés pour Dox Martin.

Belissimo, Trans, Greeenroom
Bruno Belissimo sur la scène de la Greenroom; Hall 4 des Transmusicales. Photo : F.L

Martin Meissonnier de vrai nom réserve bien des surprises. Ce producteur soixantenaire, amoureux des sons purs et riches de sens (tout est dans la tête), aime à dénicher des pépites Dancehall (interview à retrouver prochainement sur Efflorescence Culturelle). Le résultat ? Un groove incomparable, porté par des sonorités proches de celles de Saint-Germain auxquelles on aurait donné un revers musclé. Un set intense, qui mérite une pause.

Dox Martin mixe au Hall 4 des Trabsmusicales
Le mix de Dox Martin (Martin Meissonier) dans le Hall 4 des Trans Musicales . Crédit : Flavien Larcade

Le repos est de courte durée quand, entre deux concerts, c’est à Underground System de s’occuper d’un public survolté au Hall 8. Les New-Yorkais s’adonnent à des sonorités disco-funk bien amenées. Un style unique, hérité de l’afrobeat. Le groupe originaire de Brooklyn déborde d’une vigueur intense, incarnée par leur chanteuse et flûtiste Domenica Fensati. La jeune femme passe plus d’une heure à courir dans tous les sens, pour finir par monter sur la batterie et twerker sous les acclamations. Un concert d’une vitalité inégalable, faisant d’Unerground System l’une des formations à retenir impérativement de cette édition des Trans Musicales de Rennes.

Underground System, aux Trans Musicales de Rennes
Le groupe new-yorkais Underground System, Hall 8 lors des 40èmes Rencontres des Trans Musicales. Crédit : Flavien Larcade

La suite des aventures rythmiques sera pour le lendemain, même si Dombrance nous donne envie de nous trémousser sur quelques uns de ses titres politiquement corrects. Jean-Pierre Raffarin, Philippe Poutou, François Fillon… l’artiste nous emmène dans sa Vème République où bermudas, lunettes de soleil et maillots de bain affûtent nos personnalités politique. Un visuel savamment mis en œuvre par l’illustrateur Olivier Laude, spécialiste de la satire. Mais pas la peine de faire de dessins pour le déroulé du lendemain, il est déjà tout tracé.

Une fougue bretonne

La soirée de samedi se place dans la continuité de celle la veille et débute en grande pompe avec le groupe Fleuves. Le trio, porté sur les musiques traditionnelles bretonnes, ne cherche qu’une chose pour son public : « faire danser » (une perception de la musique à retrouver prochainement dans une interview qu’il nous ont accordé). Mission complexe dans la salle de L’Étage où ils se produisent (la configuration n’y aide pas) ce samedi, même si ce n’est pas l’intention qui manque pour le public présent.

Groupe Fleuves en concert
Le groupe Fleuves lors de son concert à l’Étage de Rennes. Crédit : Flavien Larcade

Une fougue bretonne, également à retrouver dans le Hall 8 d’un parc des expos bondé. Nâtah Big Band regroupe 17 personnes sur scènes. Autant de musiciens portés par des influences bretonnes revisitées par un jazz / funk à la façon d’un brass band de la Nouvelle-Orléans. Bombardes et accordéon se mêlent habillement à un groove millimétré, qui n’est pas sans rappeler celui des Snarky Puppy.

Le groupe sur scène vu depuis la foule
Groove breton pour les 17 membres de Nâtah Big Band. Crédit : Flavien Larcade

Des sonorités vraies, qu’il est aussi possible de ressentir chez le groupe Bodega. Sous un Hall 3 embué, les New-Yorkais sont portés par l’âme d’un Iggy Pop qui semble être leur mentor (à l’époque des Stooges, cela va sans dire). Sons et jeux de scène ne manquent pas d’aisance. Un univers intéressant, qu’il convient de noter dans une case « à retenir » des découvertes de l’année. Tout comme la formation d’Arp Frique, joyeux drille porté sur des rythmiques parfaitement calées.

Les membres du groupe Arp Frique lors des Trans Musicales
Arp Frique est loin de laisser les festivaliers de marbre. Crédit : Flavien Larcade

Voyage dans le temps (et au pays du soleil levant)

Retour au Hall 8 donc pour cette prouesse groovy. Les morceaux s’enchaînent à la perfection et créent un voyage dans le temps. L’artiste présentant le projet comme inscrit dans un « club de São Paulo, Kingston, quelque part au milieu des années 1970. » Un contraste à établir avec des synthétiseurs portés vers l’avenir, le futurisme. Ces deux époques se marient à la perfection, le tout réuni dans des sonorités ondoyantes.

Après un passage de Venice Club rappelant les débuts de Jamiroquai, direction le pays du Soleil levant. Les japonais d’Ajate, portés par John Imaeda (Junichiro de son vrai prénom) et neuf autres musiciens présentent un projet chaleureux et fait maison (littéralement car sont présents sur scène des instruments faits mains par le groupe). Subtil mélange de musique traditionnelle japonaise et d’afro beat (ils puisent leur répertoire chez James Brown, Fela Kuti et d’autres grands noms de la Great black music), le groupe possède une gaieté communicative. Larges sourires sur les visages, le groove nippon fait son effet. Quasi cinq heures du matin, et le public encore présent ne laisse en rien paraître une quelconque fatigue. Les insatiables doivent pourtant se résigner à mettre fin aux bonnes choses.

les japonnais d'Ajate sur scène
Ajate, funk / jazz à la sauce nippone. Crédit : Flavien Larcade

Une sensation de manque attendue ? Ou la prédiction que l’année prochaine sera tout aussi rythmée ? En tout cas il n’y a qu’à espérer que les Trans Musicales seront un jour cinquantenaires, c’est tout le bien qu’on leur souhaite.

un public en sacré forme
Un public en forme durant le concert d’Arp Frique. Crédit : Flavien Larcade

 

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