Une bonne programmation attire forcément du monde et si ce monde est assez sourd pour voir que près de chez eux jouent des artistes à talent qui ont déjà commencé à percer ou qui passeront du côté sombre de la force jusque sous les feux des projecteurs d’ici peu de temps, il devrait se réveiller. C’est comme si les bretons fans de rock indé se permettaient de rater Arctic Monkeys programmés aux Charrues l’année prochaine, c’est insensé. Autrement dit, pour les sceptiques qui ne voulaient pas se pointer samedi 21 au Petit Théâtre d’Auray, et bien tant pis. Puisque la 20e édition affichait complet (environ 200 spectateurs), on ne vous en voudra pas trop.

Déjà venue auparavant, j’ai trouvé l’organisation améliorée avec plus de points d’info et de mobilisation du personnel. Autrement la salle comble présageait de toute façon, une bonne soirée et bonne ambiance. Ambiance rendue possible en grande partie par les jeunes se défoulant près de la barrière, devant la scène.
20h45. De la Montagne entre en scène, où sur le ring. C’était le seul groupe/duo sur lequel je n’avais pas énormément misé, en effet je trouvais qu’il faisait un peu tâche parmi une programmation plutôt pop/ électro française. Et je suis contente de dire qu’il n’y a que les idiots qui ne changent jamais d’avis. Si vous me suivez au cours des articles vous verrez que je change régulièrement d’avis, bien souvent avec la version scénique des artistes qui fait éclater tous les préjugés conçus lors de l’écoute studio. Même si le style plutôt pop/r’n’b ne m’a pas complètement emballée, il m’a fait penser au style du duo Aluna George, avec une voix féminine se promenant sur les rythmes électro des instruments et machines électriques. La chanteuse a su jouer avec son public, public emballé. A déplorer un peu de niaiserie dans les paroles. Bilan : une rédactrice surprise mais pas complètement conquise, et comme c’est un groupe qui n’est pas encore signé, on attend qu’il trouve acquéreur et qu’il puisse, grâce à ça, être projeté plus au devant de la scène en revenant avec des expériences nouvelles et des chansons monstres. La chanteuse lance en fin de concert « Suivez nous sur Internet ! », le message a-t-il été reçu ?

21h45. Pendentif arrive enfin. Groupe très attendu qui surfe actuellement parmi les grandes places de la pop française, il se compose de cinq musiciens sur scène. Un groupe qui m’a particulièrement marquée lors de la floraison de duo fille/garçon dont ils ont été l’un des premiers sur la voie : Eléphant, Granville, etc. Pendentif c’est ce genre de groupe français qui chante de la pop française à l’image de Lescop par exemple. Mais avec une singularité particulière dans les riffs de guitare, signe de leur exotisme. Le groupe a su secouer son public, notamment les ados de 14-17 ans au bord de la scène. Durant le concert la chanteuse n’a pas manqué de le faire remarquer « encore heureux que les jeunes sont là ». Et les vieux de 18-21 ans on les oublie. Pour preuve. Elle nous lance vers la fin du concert « J’imagine que la plupart des gens ici n’a pas son permis. Alors on a une chanson pour vous : Driver Licence ! » Ok je fais ma rabat-joie. Il n’empêche que leur énergie a été vraiment euphorisante lors de la soirée, et c’est pour ça que c’est l’un des deux groupes que l’on retiendra ce soir-là. « Vous saviez qu’aujourd’hui c’est la journée de l’orgasme ? » Nous lance t-elle en annonçant la dernière chanson. Le titre Embrasse-moi et son clip pop/disco vient hanter les esprits. Mon côté groupie prend le dessus. Boum, la fin.

Vers 22h45. Chateau Marmont. Entre enfin sur scène le groupe que j’attendais et sûrement attendu par tout le monde également. Le groupe Chateau Marmont a une histoire et un rapport à la musique bien propre à lui, informations à retrouver dans notre interview. On pouvait s’attendre à une copie conforme de la version studio à celle du live mais stupeur. Sur scène, c’est un groupe qui joue d’abord sur les images, visuels à l’appui, visuels qui d’ailleurs, nous indiquent qu’on rentre dans une sphère soignée, presque extraterrestre. C’est aussi un groupe qui place les musiciens au même niveau, Julien le batteur, étant placé sur le devant de la scène, semble lancer la dynamique du groupe. On peut noter deux voix dans le groupe : une utilisée pour des transformations vocales, robotiques, et une autre qui reste inchangée. Sur scène, c’est un beau mélange entre Daft Punk, clairement, Air, aussi sur le rythme des chansons électroniques, mais aussi et surtout une bonne dose dans la voix comme dans le rythme d’une chanson à la Depeche Mode. Si la communication ne s’est pas faite par des petits discours de la part des musiciens, elle s’est néanmoins exprimée dans l’ambiance assourdissante des instruments, nous plongeant encore dans un monde sous-marin, apocalyptique, presque cinématographique. Oui, Chateau Marmont en live c’est cette musique qui, on dirait, pourrait illustrer un film sourd-muet, artistes d’une bande sonore idéalisée.
Rendez-vous le 19 avril prochain pour la prochaine édition.
Big thanks to Solenn pour les photos