Alors que Marvel a déjà planifié son calendrier cinématographique jusqu’en 2021, c’est en plein cœur de la phase 2 de sa conquête du monde que débarque Les Gardiens de la Galaxie, space opera déjanté aux faux airs de Star Wars et du Cinquième Élément, qui constitue pour le studio un gros risque. Quasiment inconnue du grand public, la troupe d’outsiders barrés fait figure d’ovni parmi les super-héros plutôt raisonnables de l’univers Marvel, et détonne par son style totalement décalé, qui donne une nouvelle ouverture dans le monde des comics.
Réalisé par James Gunn (Super, sorte de Kick-Ass en bien plus gore), peu familier des blockbusters mais plutôt à l’aise avec la comédie excentrique, Les Gardiens de la Galaxie s’annoncent comme le coup de poker de Marvel. Un budget monstrueux (170 millions de dollars), des héros dépareillés, des acteurs peu connus et un public différent des autres films issus de comic books : il suffit de regarder l’affiche française où il est spécifié « Par le studio qui a créé Avengers » pour sentir la crainte de Marvel de ne pas rencontrer le public. Et pourtant, dès sa sortie, il a bénéficié internationalement de critiques excellentes – et justifiées.
Resituons déjà l’histoire : en 1988, Peter Quill, un enfant qui vient de perdre sa mère d’un cancer, est enlevé par des extraterrestres. On le retrouve adulte, mercenaire mélomane et irrévérencieux, obligé de s’associer avec quatre autres personnages bien barrés pour sauver la galaxie de deux super-méchants, Thanos et Ronan, car il fait partie (je cite) des « pauvres cons qui y vivent ». Jusque là, rien d’anormal. Si ce n’est la présence dans la bande de Rocket, un raton-laveur badass, de Groot, un arbre au vocabulaire restreint terriblement attachant, de Gamora, une guerrière verte qui tabasse les méchants bien violemment, et de Drax, une grosse brute dépourvue de second degré. Si à part Bradley Cooper et Vin Diesel (qu’on peine à reconnaître sous les traits de Rocket et de Groot), le casting est dépourvu de têtes d’affiches, c’est justement sa qualité qui donne autant de relief au film – même lorsqu’il est en 2D. Haha. Chris Pratt (Peter Quill / Star-Lord) est tout simplement exceptionnel et hilarant, Zoe Saldana (Gamora) est éclatante, le multiple champion du monde de catch Dave Bautista (Drax) frappe fort – je m’améliore en jeux de mots – et autant Rocket que Groot sont excessivement bien rendus.

Le film allie batailles épiques et humour décapant, prenant un malin plaisir à tourner en dérision tous les clichés du genre, ce qui le rapproche d’autant plus de l’univers des comics. Et puis, il ne faut pas négliger l’excellente bande-originale : Les Gardiens de la Galaxie est rythmé par une playlist des années 60-70, qui porte bien son nom : Awesome Mix Vol.1. On a presque envie de ressortir un vieux walkman et d’y placer cette cassette pour danser avec fougue sur Come and Get Your Love de Redbone. D’ailleurs, la BO est numéro 1 des ventes aux US. En alliant visions futuristes et clins d’oeil vintage, James Gunn nous emmène dans un voyage galactique et un peu nostalgique, mais toujours épique et bourré d’humour.
Il tient aussi un autre défi cher à l’univers Marvel : reconquérir le public féminin. Enfin, cela ne me concerne pas, j’étais déjà une grande adepte depuis bien longtemps (la preuve : j’ai même regardé Daredevil… de mon plein gré. C’est dire. Bon oui, j’ai regretté, mais que voulez-vous, chez Marvel, on ne fait pas d’impasse). Bref, pour le studio, le public féminin est une manne commerciale qu’il peine toujours à faire sienne. Depuis la Veuve Noire (Scarlett Johansson dans Avengers) et peut-être aussi Pepper Potts bien avant (Gwyneth Paltrow dans Iron Man) la femme a gagné son statut d’héroïne à plein temps et plus seulement d’atout charme à grosse poitrine pour faire venir ces messieurs au cinéma. Avec Gamora, on retrouve donc une héroïne de taille et on approuve ses gros coups de tatane dans la face des aliens. Sa soeur Nébula (Karen Gillian qui s’est rasée le crâne pour l’occasion) n’est d’ailleurs pas en reste dans le même thème. Et puis, l’autre atout (pas négligeable du tout) qui fait venir le public féminin, ça reste le physique le charme du héros. Bon soyons réalistes, il est quand même pas mal, Chris Pratt. Et ce ne sont pas ses abdos durement gagnés qui diront le contraire (n’oublions pas qu’il pesait 135 kg six mois avant le tournage… et que ce n’était pas du muscle. Thumbs up !).
Marvel continue donc sur son sans-faute et amorce son évolution vers la Phase 3 avec force, promettant de belles choses pour l’avenir (autrement dit Avengers : Age Of Ultron et X-Men Apocalypse en 2015, puis Ant-Man, The Amazing Spider-Man 3, le reboot des Quatre Fantastiques, Doctor Strange etc… de quoi les mettre à l’abri du besoin pendant un certain temps).
Enfin, pour avoir vu le film en VO 2D et en VF 3D, j’ai trouvé que pour une fois (!) le doublage français était vraiment bon et que la 3D apportait quelque chose en plus – ce qui est plutôt rare en ce moment – et mettait en avant des effets spéciaux absolument magnifiques – du moins à mon humble avis. Bref, voilà un film qui vaut le détour ! Ah oui, et pour les « aficionados », n’oubliez pas le jeu du « où est Stan Lee » et restez après le générique… comme pour tous les Marvel (ce qui nous avait par exemple permis d’avoir un premier aperçu de Benicio del Toro en Collectionneur à la fin d’Avengers…). Enfin je ne vous apprends rien.

Pour la bande-annonce, c’est par là :
Et pour la playlist, c’est là :
Hooked on a Feeling – Blue Swede
Go All The Way – Raspberries
Spirit in The Sky – Norman Greenbaum
Moonage Daydream – David Bowie
Fooled Around ans Fell in Love – Elvin Bishop
I’m Not In Love – 10cc
I Want You Back – The Jackson 5
Come and Get Your Love – Redbone
Cherry Bomb – The Runaways
Escape (The Piña Colada Song) – Rupert Holmes
O-O-H Child – Five Stairsteps
Ain’t No Mountain High Enough – Marvin Gaye & Tammi Terrell