Sorti ce printemps, le premier album du platiniste portugais domicilié à Portland RAC (Remix Artist Collective), alias André Allen Anjos rassemble 16 titres aux accents pop, tous synonymes de succès, enchanteurs à souhaits. Ce jeune musicien s’est fait connaitre sur internet grâce à ses différents remixes, de réelles pépites comme Lights d’Ellie Goulding, Laura Palmer de Bastille, Next Year de Two Door Cinema Club ou dernièrement de London Grammar. Une visite sur son soundcloud est souhaitable, notre bonheur peut s’y trouver. Strangers est l’occasion de découvrir ses talents de parolier, de mixeur et de chef d’orchestre. Chef d’orchestre, oui. Son premier album réunit 14 collaborations, groupes ou chanteurs solos qui ont tous co-écrits les titres qu’ils interprètent: Penguin Prison, Tegan et Sara, St. Lucia, etc.
On cherche à savoir qui se cache derrière cette pancarte pixelée. Il est évident qu’il s’agit d’une femme, mais a-t-elle les yeux bleus, un nez mignon, un grain de beauté au dessus des lèvres? C’est une étrangère, séduisante ou laide, la question se pose, mais reste un mystère. Elle est l’incarnation de l’album, l’une des strangers qui n’a qu’une seule idée en tête: nous faire découvrir les nouveaux talents de la musique pop. Le voyage commence. Let Go, la première piste est animée par le britannique Kele Okereke et la chanteuse du groupe MNDR : Amanda Warner. L’harmonie est là, assurant un duo intéressant et entêtant.
Ello Ello agit avec plus de pep’s, ensoleillé et dansant. Body Language nous salue sans aspirer le H, presque pour nous convaincre qu’ils viennent d’une autre planète, là où la neige est chaude, la mer toujours tiède. Vient le premier single enregistré il y a deux ans, Hollywood, en collaboration avec le jeune new yorkais Penguin Prison. La musique s’acharne contre notre esprit, ça grésille et le refrain « cause you’re Hollywood you never should (…) you kill the sun, i’m not your friend anymore » nous dope avec une délicatesse masculine, rythmé par une batterie suave et quelques accords électriques énergiques. Cells parait nébuleux, onirique. RAC se plait à révéler son amour pour des sons mélodieux lors de cette interlude qui apaise l’esprit, nous immerge peu à peu dans un univers particulier, presque féerique. La cinquième piste, Hard To Hold, titre acidulé, est interprété par les excellentes jumelles Quin, Tegan et Sara interprètes du succès planétaire Closer. Cette collaboration avec RAC n’est pas étonnante, le jeune portugais s’est amusé à remixé plusieurs de leurs titres qu’on peut trouver sur son soundcloud. Passons directement à Tear You Down, son interprète Alex Ebert réussit à tirer ce titre du jeu. Son style légèrement vieillot, sa voix fumée donne un aspect cosmique et parfois comique.
Une seconde interlude fait son entrée, Sixteen qui se fond avec Seventeen, titre naïf et aussi feutrée que la voix de Liz Anjos, alias Pink Feathers son épouse. La jeune femme sur le tabouret blanc a enfin laissé tomber la pancarte, elle a des yeux émeraude, une mâchoire carrée et semble murmurer un mot, peut-être « again » (encore). La suite est toujours aussi stellaire jusqu’à que I Should’ve Guessed de SPEAK assombrisse l’ensemble, donnant plus de sentiments et de fragilité masculine. Cette fêlure est tout aussi visible à la piste suivante grâce au leader sud-africain Jean-Philipp Grobler du groupe St. Lucia qui reflète une profondeur musicale parfois jouissive mais cette fois touchante. Cette note tendresse est néanmoins plus profonde sur We Belong qui pendant 6 minutes laisse le champ libre à la musique puis à la voix voluptueuse de Katie Herzig pour se marier avec merveille. Le dernier titre clôt cet album de la manière la plus festive et aguichante possible. C’est le jeune Matthew Koma que l’on a pu déjà entendre sur Wasted de Tiësto qui se charge de finir cette drôle d’histoire collective. Cheap Sunglasses est extrêmement solaire, voire dopant. L’interprète a réussi sa mission, sa voix androgyne collabore sans problème avec l’univers de Strangers et nous conforte dans cette idée lumineuse qu’il s’agit-là de l’album de l’été, orchestré par un artiste multi-instrumentiste qui a réinventé le termes de musicien et de platiniste. RAC alias André Allen Anjos a bien des chances de faire des jaloux, goodbye David Guetta, nous avons trouvé ton remplaçant.