« Je l’aime, mais l’homme de ma vie c’est toi » : Yves Saint Laurent

Jalil Lespert réalise une véritable merveille. De la fraîcheur, de l’amour, du réel, de la souffrance, de la folie, les sentiments tourbillonnent, le drame commence. Pierre Niney n’en parlons même pas, sa prestation et sa prestance, tant qu’à faire, nous laissent simplement sans voix. Comment exprimer une telle souffrance psychologique et amoureuse même, en incarnant parfaitement un personnage mythique ? Le défi est bien plus que rempli.

 

Pour vous mettre dans le contexte, nous sommes à Paris en 1957. La capitale connaît ses années folles et dans cette foule, Yves Mathieu-Saint-Laurent, vingt-et-un ans, est sollicité pour reprendre la célèbre maison de haute couture Dior, suite au décès de son fondateur, Christian Dior. Il fait alors la rencontre de Pierre Bergé, au cours d’un de ses défilé prestigieux. Cette rencontre marque alors un tournant dans sa vie. Les deux hommes, liés pour toujours, créent alors l’entreprise Yves Saint Laurent. Bourré de talent, le jeune créateur donne un nouveau souffle à la haute couture, dans le monde entier.

Pierre Niney pour Yves Saint Laurent, ou Yves Saint Laurent pour Pierre Niney. Quelle différence ? L’interprétation est exécutée avec une profonde justesse. La voix est le premier détail marquant. Puis, il y a les mimiques, les gestes, le regard, l’expression… L’imprégnation de Saint Laurent est absolument parfaite. Pierre Niney fait preuve à la fois d’une extrême douceur, d’une grande sensibilité mais aussi d’une insouciance folle, qui pousse presque le personnage à se perdre lui-même. La jeunesse prend alors son envole dans un jeu d’acteur particulièrement émouvant. L’esprit du prodige qui s’oppose à son côté sombre, est exprimé dans une réalisation magistrale, guidée par Jalil Lespert. Pierre Niney ne pourrait pas être plus subjuguant. Déjà tellement captivant dans ses précédents films (Comme des frères, 20 ans d’écart…), il passe le cap d’un nouveau registre : le biopic, dans lequel il excelle. Il est vrai que la Comédie-Française, nous le savions, héberge bien des talents. Alors quand deux d’entre eux se retrouvent et se livrent à une interprétation artistique exemplaire, le résultat est plus que probant.

En effet, Pierre Niney donne la réplique à Guillaume Gallienne, ou Pierre Bergé, pour ceux qui ne l’aurait pas deviné. Il est la clé de la réussité du couturier, il est l’amant, il est l’amour aussi, il est celui qui pousse et garde l’artiste en scène. Guillaume Gallienne, récémment découvert pour certains, incarne la conscience claire et posée de YSL, mais aussi sa souffrance ultime. Cet amour unique, qui lie deux hommes très différents, leur fait vivre le pire comme le meilleur. Maintes fois, Pierre Bergé est « celui qui » chasse les démons imperceptibles du créateur, qui lui redonne espoir et sait l’aimer. Un rôle très touchant et particulièrement difficile, mais si bien mené par Guillaume Gallienne, ce qui lui vaudrait, à mon goût, presque autant de mérite que le protagoniste.

 

Puis le reste du casting de Lespert n’est pas décevant. Charlotte Le Bon intègre une élégance sans égale à son personnage, Victoire Doutreleau, mannequin proche du couturier pendant un temps. Laura Smet, ne démérite pas dans le rôle de Loulou de la Falaise, enfin Marie de Villepin apporte une fraîcheur inattendue au film dans son interprétation de Betty Catroux. Les défilés, les robes, les ateliers… tout semble tout droit sorti des années 60. Bref, le long-métrage n’a pas vraiment de points négatifs, si ce n’est que Pierre Niney nous laisse un peu trop longtemps sans voix, à la fin du film. Au plaisir de te revoir !

>> Je vous conseille également d’aller voir la critique de Mathieu sur son website

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