Islands ou comment les Bear’s Den ont réussi à nous faire entrer dans leur antre

La folk anglaise ne connaîtra jamais l’obscurité notamment grâce à des révélations telles que Bear’s Den qui viennent avec leurs compositions la magnifier et lui redonner ses lettres de noblesse.

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Bear’s Den ou littéralement L’Antre de l’Ours est un groupe de folk britannique. Un trio composé par Andrew Davie, Joey Haynes et Kevin Jones. Les amis de Mumford & Sons n’ont guère mis longtemps à se faire un nom. Ils ont en effet participé à la grande tournée des « Gentlemen of the Road » en 2013 mais ce n’est pas tout. Le batteur Kevin Jones a par ailleurs co-fondé le label Communion avec Ben Lovett. Les ours ont plusieurs cordes à leurs arcs et nous le prouvent.

En 2013, ils réalisent deux très bons EPs: Agape et Without/Within, qui leur permettent de dévoiler leur style aux mélomanes. On découvre alors une folk délicate, des mélodies acoustiques qui viennent ravir nos oreilles. Plus d’un an est passé, l’automne est venu rougir les feuilles avant l’arrivée d’Islands, leur premier album sorti le 20 octobre 2014.

La première chose qu’on remarque en écoutant l’opus c’est cette atmosphère qui se dégage où tout n’est que calme et volupté. Les instruments ne s’emportent jamais, ils viennent bercer nos oreilles grâce à leurs mélodies luxuriantes. Le son est brut, on en vient presque à imaginer le banjo et la guitare dans notre salon au coin d’un feu. On est loin du stress de la ville, on s’envole dans les îles britanniques, marchant à travers les étendues de verdure s’offrant à nous. On oublie les orchestrations hyper arrangées des nouveaux hits commerciaux, c’est l’authenticité typique de la folk anglaise qui domine dans Islands.

On est en communion avec les éléments et on en vient à désirer d’écouter cet album, pieds nus dans l’herbe et l’horizon s’offrant à nous. Malgré la mélancolie évidente de leurs paroles, notamment avec « Agape » qui vient nous évoquer cette peur incandescente de perdre l’être aimé, le banjo vient réchauffer nos cœurs. Il ajoute cette saveur particulière, nous évitant de tomber dans une tristesse larmoyante. On ne quitte jamais la lumière, les accords de guitare suffisent à nous guider sur le droit chemin, celui où les pleurs ont été essuyés de nos joues.

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Chaque mélodie est telle une pâtisserie plaisante à déguster, qu’on prend le temps d’écouter avec attention. Les thèmes abordés sont communs, l’amour revient fréquemment dans leurs textes, « The Love we Stole » en est la preuve. Ce nouveau titre est une réjouissance. La douce voix d’Andrew Davie vient résonner dans nos esprits. L’ambition personnelle des mots se ressent, elle est perceptible dans les harmonies vocales. On laisse nos coeurs vagabonder à la recherche de cet amour volé. Les refrains intenses s’ancrent en nous et on a cette volonté d’entendre cet appel tant désiré.

Certaines compositions comme « Isaac » et « Above the Clouds of Pompeii » viennent se démarquer, nous touchant plus fortement. Plus profondément. Elles nous envoûtent grâce à leurs orchestrations. On se laisse émouvoir par ces histoires dévoilées. Les cuivres de « Above the Clouds of Pompeii » viennent éloigner les nuages menaçants et nous incitent à la joie. Les rêveries spirituelles de Bear’s Den nous emportent dans les îles. On retrouve beaucoup de sonorités similaires dans cet album, « Magdalene » est par exemple  pas si différente de la très bonne « Isaac« .

Il y a une certaine linéarité qui s’opère dans l’opus. Chaque mélodie paraît avoir été écrite pour trouver sa place parmi Islands. Aucune chanson semble exclue. Les introspections profondes demeurent avec « Elysium » où la solitude d’Andrew Davie trouve un écho en nous. « Sommes-nous tous seuls face à l’immensité de l’univers? » est la principale interrogation qui nous vient en tête. Cette peur de se retrouver sans personne pour lutter contre la nuit s’annonçant. On plonge dans les ténèbres. La route paraît semée d’obstacles avant de voir apparaître l’espoir de jours meilleurs, lumineux dans ces quelques accords de basse.

La rupture sentimentale si douloureuse évoquée dans « When you break » et la tristesse éprouvée est universelle, elle nous marque et vient trouver un sens au coeur même de notre chair. Tout comme ce désir de pardon que « Bad Blood » semble invoquer. La vulnérabilité de l’humanité est décrite dans son intégralité. Les émotions fortes d’Islands se déversent en nous, elles nous touchent profondément grâce à sa sincérité.

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La quête malheureuse de « Stubborn Beast » paraît vaine, cette bête tant recherchée semble s’éloigner à mesure qu’on approche. La volonté grandit alors, s’intensifie, elle est supportée par les choeurs lyriques gagnant ainsi en force jusqu’à la découverte finale de cette chimère. Certaines pistes restent malgré tout en retrait, elles ne sont pas si savoureuses qu’on le souhaiterait, c’est le cas de « Think of England » qui ne réussit pas à nous emporter autant qu’on le désire. Elle n’est pas déplaisante, mais on perd cette ambiance si appréciée.

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Bear’s Den signe un opus savoureux, réjouissant qui saura vous entraîner dans les contrées anglaises et malgré la tristesse évidente des thèmes abordés, le soleil n’est jamais loin. Il vient panser les coeurs et réchauffer nos peaux durant les jours pluvieux de l’automne grâce aux paroles poétiques.  Une réussite où authenticité rime avec noblesse. On apprécie ce calme qui vient nous apaiser, on aimerait cependant découvrir parfois des ours plus sauvages, moins maîtrisés. Un banjo déchaîné, des rifs de guitare et quelques envolées lyriques seraient un plus, pour gambader dans les îles.

Islands est disponible depuis le 20 Octobre.

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