Interview avec BRNS, la tornade belge

BRNS, c’est le groupe à prescrire. Il est composé d’Antoine (basse/ chœurs), Tim (batterie/chant), César (multi instruments) et Diego (guitare). Formé en 2010, BRNS c’est une musique difficilement qualifiable, aux allures obscures, domptée par un rythme effréné. BRNS, ça te prend aux tripes. Efflorescence Culturelle s’est entretenue avec les garçons lors de leur passage au Point FMR (qui était sold out). Rencontre avec un groupe qui à tout pour plaire.

BRNS / Mathieu Zazzo
BRNS / Mathieu Zazzo

EC: Votre musique est quand même assez difficile à cerner. Le rythme est différent de ce que l’on a déjà pu entendre. On y retrouve un esprit assez mélancolique. Les deux titres que vous venez de sortir (Void et My Head Is Into You) donnent l’impression que la musique garde cet esprit; que ça va être dans une sorte de continuité du premier album. A quoi doit-on s’attendre ?

Tim: Je pense que l’univers en général est relativement similaire mais après on a évolué, on est allés vers quelque chose de beaucoup moins abrupte au niveau des structures et peut-être des rythmiques tribales. On a un peu calmé le jeu mais on est vraiment dans la même logique de pop un peu édulcorée…

Diego: Non, pas édulcorée ! Justement pas !

Tim: J’irai voir la définition. Je voulais paraître un peu intelligent (rires). On a un peu arrondi les angles c’est ça que je voulais dire !

C’est quand même incroyable ! Certains rament, vous en 4 ans c’est quand même bien parti ! Tout va très vite on dirait. Est-ce que vous vous attendiez à ça ? Ça vous fait peur ?

Antoine: Tout ça n’a pas du tout été calculé après c’est vrai que nous de l’intérieur, même à l’époque de Wounded on n’avait pas l’impression d’avoir une maturité de dingue en fait. C’était vraiment le premier projet assez abouti qu’on avait à peu près tous. Donc je dirais que les gens parfois disent « vous avez l’air d’avoir une expérience de dingue » mais moi j’ai pas l’impression qu’on soit précoces. Y’a des mecs de 18 ans où vraiment tu te dis que c’est des brutes ! Là on a un groupe en Belgique qui s’appelle Le Colisée ; ils sont 4 sur scène et c’est vraiment des petits génies. Ce sont des biens meilleurs musiciens que nous. Nous quand tu creuses, tout est un peu bancal. Y’a un côté un peu foireux. Les gens ne le voient pas vraiment parce que ça envoie une grosse sauce et qu’en studio on gomme tous les trucs en trop. Mais en soi, y’a quand même plein de choses qui ne sont pas totalement abouties et qu’on laisse parfois volontairement comme ça parce qu’on trouve que ça a plus de charme et que c’est un parti pris aussi. On est perfectionnistes mais que dans un certain sens. On cherche pas à tout polir, les petits trucs obscurs on les laisse là volontairement.

Diego: Après sur le fait que ça a été vite et tout ça… Oui ça a été assez vite par la bouche-à-oreille et aussi par le fait qu’on a eu la chance de beaucoup tourner et donc le nom a pas mal circulé. On tourne beaucoup en France et en Belgique mais au-delà de ça, on a envie de s’exporter beaucoup plus et on joue aussi dans pas mal d’autres pays et là il y a peut-être pas « l’appui presse » ni le « succès » qu’il peut y avoir en France.

César: Là on joue dans une salle quand même pas énorme et à mon avis, je ne sais pas si je me trompe en disant ça, mais ça m’étonnerait qu’on aille beaucoup plus haut dans le succès. On peut aller plus loin en jouant dans d’autres pays mais j’ai pas l’impression que ça amène un énorme succès.

Diego: Remplir une salle de 2 000 places c’est peut-être pas ce qui nous arrivera et puis peut-être pas aussi l’objectif. On va continuer à faire le truc qu’on aime et puis s’il y a de plus en plus de gens qui écoutent, c’est cool !

Le public français est quand même très réceptif ! Je pense que vous l’avez remarqué !

Antoine: Il est très réceptif mais notre musique à un moment montre son incapacité à plaire à plus de masse… Après c’est tout con mais on n’a pas des chansons qui sont vraiment formatées radio, etc. On reste dans un public qui a plus de poigne et c’est quelque chose qu’on apprécie. On n’a pas envie de devenir énormes et on part du principe que si on joue tous les soirs dans une salle comme le Point FMR on est très contents ! Et si on le fait pendant encore 10-15 ans, ça nous plaira toujours parce qu’on sait que c’est finalement là-dedans qu’on se sent le plus à l’aise même si c’est très chouette de faire un Olympia comme on l’a fait il y a un mois. Mais c’est pas un aboutissement en soi. Donc le but c’est vraiment d’homogénéiser notre succès sur tous les territoires.

D’ailleurs vous avez dit que les choses étaient en train de changer au niveau international…

Tim: Oui, petit à petit on est en train de s’exporter. On vient d’apprendre que fin juin on allait en Russie. Là on a une tournée anglaise qui commence dans une semaine à peine, et c’est donc à chaque fois un nouveau défi pour nous. On a aussi notre première vraie tournée allemande à notre nom. On gravit les échelons et c’est cool !

Diego: Là on a répondu à la question ! (rires)

On a souvent dû vous faire la remarque ou vous poser la question concernant le statut du chanteur. Comme le groupe Genesis par exemple, le chanteur, c’est le batteur. Pourquoi ?

Antoine: On était fans de Genesis à la base ! (rires)

Diego: Par contre si la question c’est « Pourquoi dans Genesis le batteur c’est le chanteur ? » faudra leur demander à eux parce que nous on sait pas.

Tim: Tout simplement parce que quand on a commencé à composer les premiers morceaux, on avait pas mal d’idées au niveau du chant mais aucun de nous n’avait jamais été chanteur d’un groupe. Donc on s’était dit qu’on voulait avoir quelque chose d’assez frontal et collégial, au niveau du chant, et donc de chanter à plusieurs. Puis finalement on a pris celui qui chantait le moins mal et puis on s’est tous entraînés et on chante de mieux en mieux.

Sur scène, c’est juste incroyable. Vous êtes ultra synchro, comme possédés ; surtout toi Tim. Qu’est ce qu’il se passe une fois arrivés sur scène ?

Diego: C’est magique.

Tim: C’est marrant, tu fais par exemple Mexico. En répets on n’arrive plus à la faire sérieusement mais dès qu’on la rejoue sur scène il y a vraiment une sorte d’énergie que tu crées au sein du groupe et que tu balances dans le public. Mais c’est vrai, dans le live c’est une vraie question d’énergie et tu ne sais pas très bien ce qu’il se passe ni pourquoi tu tapes plus fort alors que t’as pas spécialement envie ou pourquoi t’arraches la basse alors que normalement tu te chies à fond. Mais il y a une nervosité, une sorte de défi.

Antoine: Il y a aussi des groupes qui n’aiment pas le live. Nous on a toujours bien aimé et c’est aussi là-dessus qu’on a bâti notre notoriété. On a toujours été partants pour à peu près n’importe quel plan et c’est comme ça que ça s’est fait. Si on a un peu de succès c’est justement parce qu’on aime bien jouer sur scène. Donc à partir du moment où t’aimes bien jouer en live, t’as beau être crevé, t’arrives sur scène et tu te mets à table. On doit contenter un public. Au début on n’était pas du tout confiants dans ce qu’on faisait parce qu’on n’avait aucune idée de quelle allait être la réception des gens donc on se disait « au moins ils ne pourront pas nous reprocher de ne pas nous être donnés ». Ce qui ne sera pas bien mis en place ou en justesse, on va le combler par l’énergie.

On voit avec Stromae, Girls In Hawaïï, Puggy comme une montée de la musique belge. Comme un intérêt grandissant pour votre scène. C’est quoi la « pâte belge » ?

Diego: Justement j’ai l’impression que cet intérêt n’est pas soudain, que ça fait longtemps qu’il y a un à priori positif sur la Belgique. Peut-être même 20 ans depuis dEUS et donc tant mieux pour nous ! Après comment l’expliquer c’est difficile… Hier on a essayé de voir un peu, après on s’est demandé si c’était pas en partie dû aux médias. En France il y a beaucoup de gros médias qui soutiennent certains gros groupes, alors qu’en Belgique, même les gros médias s’intéressent à des groupes plus petits qui feront une musique peut-être un peu moins formatée. Ils ont donc une attention des médias qu’ils n’auront pas forcément en France. C’est une des explications possibles.

Antoine: Je dirais que quand on arrive en tant qu’ambassadeur de la Belgique, il y a quand même un intérêt de se dire « qu’est ce qui vient d’ailleurs ? » alors qu’en France, à chaque fois on entend « Ah c’est dingue ! On n’a pas ça chez nous ! », vous l’avez mais ça n’est pas médiatisé. Nous par exemple, on a peut-être des politiques culturelles qui misent plus sur des trucs un peu plu variés mais vous avez peut-être l’équivalent chez vous aussi ! Les français trouvent évidemment les belges sympathiques, ce que nous sommes. Et comme il y a eu quelques groupes phares qui ont très bien marché depuis les années 80, les regards sont très tournés vers la Belgique.

Tim: C’est vrai que de temps en temps on a l’impression d’avoir une sorte de place d’honneur juste parce qu’on est outsiders alors qu’on vit juste à côté de la frontière…

Aimeriez-vous ou allez-vous collaborer avec d’autres artistes prochainement ?

Tim: A la base on essaie d’abord de créer notre propre univers avant de commencer à vraiment le partager, de créer quelque chose de vraiment cohérent. Je pense qu’avec le prochain album, peut-être qu’on pourrait envisager des collaborations. On n’y a pas vraiment encore réfléchi.

César: Un petit remix…

Diego: Disons qu’on a collaboré avec des artistes, à chaque fois pour nos visuels ou nos clips. C’est nous qui à chaque fois allons chercher des gens dont on aime le travail en leur laissant plus ou moins carte blanche à chaque fois. On a fait une mini tournée avec Carl qui a fait la pochette de Wounded. Il a lui aussi un groupe de musique, en plus d’être illustrateur. On a composé un morceau avec eux. Mais dans le futur on n’a pas encore trop d’idées. On s’est surtout concentré sur l’enregistrement du nouveau disque. Là ça va être les concerts, la tournée pour le nouveau disque. Peut-être que sur la fin de tournée on aura plus de temps.

Vous êtes des habitués de festivals, vous allez faire le Pukkelpop le 16 août prochain avec Bring Me The Horizon, Queens Of The Stone Age… Quel est votre état d’esprit ?

César: On l’a déjà fait l’an passé et c’est un honneur de pouvoir y retourner une deuxième fois ; sur une scène super chouette en plus cette fois-ci réservée aux groupes belges. C’est chouette !

Du coup, vous serez à presque 10 jours de la sortie du nouveau disque. Est-ce que vous allez justement en profiter pour jouer des nouveaux titres ?

Tim: Oui, c’est clairement le but ! La date du Pukkelpop c’est la date de release de l’album en Flandres. Là ce soir c’est la troisième date où on joue les morceaux du nouvel album.

Diego: On joue déjà le nouveau set. Ça va être quasiment que des morceaux de l’album à paraître.

Qu’est ce qui fait de vous des musiciens uniques en votre genre ?

Tim: Notre physique irréprochable.

Antoine: Notre petit bidon à bières (rires) !

Tim: En fait, on s’auto-qualifie de rockeurs plouks. C’est-à-dire qu’on est dans la branche des rockeurs gentils, parce qu’il y a des rockeurs méchants qui sont toujours en perfecto et qui portent tout le temps des lunettes noires. Donc nous on est dans la branche des gentils mais qui n’arrivent pas à hipster.

Merci aux garçons, merci pour  leur performance exceptionnelle lors du show, merci à leur talent, merci aux BRNS.

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