HITMAN : AGENT 47; assassinat d’une licence

Enième transposition sur grand écran d’un personnage tiré d’un jeu vidéo culte, le succès de ce nouveau Hitman est loin d’être au rendez-vous. Avec un potentiel fort, le résultat final ne s’avère être qu’une production lambda sans aucune originalité. Décryptage. 

533383Costume noir et cravate rouge, code barre tatoué sur la nuque et Silverballer aux poings, l’Agent 47 est bel et bien de retour. Le tueur à gages le plus célèbre du monde du jeu vidéo refait surface après trois ans d’absence. Nous avions pu l’apercevoir sur console en 2012 alors qu’il réglait ses comptes avec l’Agence dans Hitman : Absolution développé par le studio danois IO INTERACTIVE. Mais sa dernière apparition au cinéma remonte à 2007 dans une adaptation des plus mitigées avec Hitman, réalisée par le français Xavier Gens et produit par la 20th Century Fox. Cette dernière tente à nouveau le pari d’une adaptation vidéoludique sur grand écran en confiant la mise en scène à l’inconnu Aleksander Bach. Malheureusement, le résultat est loin, très loin d’être au rendez-vous.

En effet, Hitman : Agent 47 est à la fois une déception sur le plan cinématographique mais également en tant qu’adaptation, comme c’est trop souvent le cas pour les jeux vidéo. L’œuvre créée par Morten Iversen est complètement détruite et l’essence de la série se retrouve encore une fois tachée. Fans de la saga, dites adieu aux assassinats silencieux opérés de manière subtile car notre Agent 47 (joué par un Rupert Friend absolument pas convaincant) s’occupe désormais de ses ennemis à grands coups de rafales de balles. Manette en main, le personnage transpirait de bestialité, de cruauté et de finesse pour accomplir ses missions au moyen de son « savoir faire » létal. Ici, il fait preuve de compassion pour une inconnue et va même endosser le rôle de tuteur afin de lui apprendre à révéler ses capacités tout en glissant quelques réflexions vaguement philosophiques. Car oui, l’intrigue du film repose sur les épaules de Katia van Dees (interprétée par la britannique Hannah Ware), dernier cobaye d’un programme visant à créer des surhommes, génétiquement modifiés. Elle se retrouve donc traquée par une agence tandis que notre assassin, plus si silencieux que ça, se voit missionner de détruire cette dernière.

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Sur le plan technique, le film est aussi irrespectueux que déplorable. Le long-métrage partait d’une bonne intention mais le résultat final était quasi-joué d’avance. Même dès les premières bande-annonces, le spectateur savait à quoi s’attendre, si ce n’est pas pire. Finalement, la première scène d’action résume parfaitement le film dans son ensemble : le spectateur est très vite désarçonné. Après avoir étranglé un soldat à l’aide de sa corde à piano puis s’être débarrassé discrètement d’un autre à l’aide d’une balle bien placée, notre anti-héros se lâche et tire désormais à tout-va. Pour chaque référence appréciable, le film se permet de détruire le mythe de 47 dans la scène suivante, tout en proposant une bande-son electro des plus douteuses ainsi que des effets spéciaux très discutables. Mais le plus regrettable reste, sans doute, la façon dont est construit le film : aucune subtilité, une absence totale de discrétion, soit un comble pour notre tueur au crâne rasé.

Hitman : Agent 47 se révèle être un parfait exemple du cinéma d’aujourd’hui : un cinéma en manque d’inventivité et d’originalité, se repliant sur des adaptations pour faire fortune. Mais on ressort de la salle en ayant vu un film commercial sans aucune saveur qui ne possède pas même la prétention de proposer un certain divertissement.

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