Fauve ≠ . Vous savez ? Ce phénomène qui a pris une ampleur démentielle en si peu de temps, ce collectif à la musique unique qui enfonce peu à peu ses petites mains dans le ciment frais du Hollywood Boulevard de la chanson française ; impossible d’être passé à côté en 2013. Comme pour tout groupe qui se distingue les avis sont nombreux, et le ressenti après l’écoute de leurs chansons varie entre dégoût ou indifférence pour certains et appréciation ou réel fanatisme pour d’autres – qui font parfois de leurs textes de véritables doctrines de vie. Aucun doute sur le fait que ces musiciens ont quelque chose de particulier à donner, et que vous n’avez pas fini d’en entendre parler.

L’aventure a tout d’abord commencé en 2010 dans leur coin, puis vraiment sur Internet en 2011, pour terminer sur YouTube, où leur premières créations font leur petit bonhomme de chemin dans les esprits français. Ils débutent alors avec Kané et Sainte Anne, deux premier titres qui, comme dans beaucoup de ceux qui viendront plus tard, ne revendiquent que les complications relationnelles humaines, l’amour mutilé ou le train de vie acharné et les idées noires dont le jeune écrivain arrive difficilement à se tirer. Ces éléments témoignant alors d’une lassitude d’une vie et de cœur blessé, forment un tout qu’ils nomment « blizzard » ; le vent glacé qui apporte la désolation au sein des esprits devient alors en mai 2013 le titre de leur premier EP. Placé sous le signe du « spoken word », une sorte de slam doux mais puissant, cet EP récitait les pages d’un journal intime remplit de désespoir comme d’envie de rémission hargneuse ou désespérée à travers six titres, sur des instrumentales aux influences cock rock par-ci avec Nuits Fauves, fight music par-là avec Blizzard, le titre éponyme. « Fauve ≠ c’est qui veut. Et si ça se trouve demain on sera nombreux », et ils ne pensaient pas si bien dire car après l’engouement impressionnant d’un public grandissant encore après Blizzard, les voilà qui sortent Vieux Frères – Partie 1, leur premier LP.
Cet album placé dans la continuité de leur EP est scindé en différentes parties, où les transitions entre celles-ci montrent un avancement dans un tunnel métaphorique où l’on peut voir Blizzard comme son entrée. L’album commence donc avec des cris de colère qui rejettent les regrets d’un passé sombre et demandent la rédemption dans Voyou ici en featuring avec Georgio, rappeur français de chez 75ème Session qui donne de la nervosité au texte. Viennent ensuite les trois autres titres qui nous replacent dans le « blizzard » ; Requin-Tigre nous rappelle la frénésie de Sainte-Anne de la même manière en une sorte de séance de psychothérapie, tandis que Jeunesse Talking Blues et RAG #3 sont à l’énumération des problèmes quotidiens, avec en revanche dans ces deux-ci, de signes de rémission et d’espoir renaissant « ça m’a fait du bien parce que c’était vrai parce que c’était sincère ».
La lumière apparaît alors au bout du tunnel, et l’on transite ainsi vers la suite avec deux chansons d’amour : Infirmière, où il est question d’une rencontre donnant suite à un amour passionné, et Lettre à Zoé, chanson épistolaire se plaçant entre deux enfants où se confondent amitié et amour. Le slam habituel laisse alors place à un doux chant dans les refrains, transportant et apaisant comme le titre RAG #4, où les souvenirs d’instants chers et précieux car magnifiques sont évoqués « vous vous êtes parés d’un halo bleu doré, j’ai cru voir un tableau, le temps s’est arrêté », le titre amorce et se prolonge avec Vieux Frères, coupés par Tunnel, qui résument la période de « blizzard » et la manière dont ils s’en sont sortis, devenant alors les titres clés du disque. Précédemment sur l’album, De Ceux exposait déjà la revendication de soi même et les envies de rébellion contre le « blizzard », et cette fureur de sortir du tunnel nous revient en pleine face avec Loterie, où Fauve ≠ défie le destin en cassant totalement le rythme de l’album, nous replongeant dans le tunnel que l’on pensait avoir franchit après Vieux Frères, mais ce qui paraît être une grosse erreur n’est peut être qu’une nouvelle transition vers Vieux Frères – Partie 2, déjà annoncé par le groupe.
Vieux Frères – Partie 1, c’est un album à prendre avec du recul, à écouter comme un ami qui vous lit son journal intime, et malgré la déception du dernier titre, celui-ci laisse quand même derrière lui une certaine hâte en ce qui concerne la suite de l’histoire. C’est un album réussi, mais pas à mettre dans toutes les oreilles.
Vieux Frères – Partie 1 est disponible chez tous les professeurs de français dès le 3 Février, en attendant vous pouvez le pré-commander ici, écouter Blizzard leur premier EP ici (Spotify), ou vous régaler avec ce qu’ils appellent « pâtisserie », parce que c’est bon, mais il n’y en a jamais assez !
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Et bientôt en concert :
03/02 – Bataclan – Paris (75)
04/02 – Bataclan – Paris (75)
05/02 – Bataclan – Paris (75)
06/02 – Bataclan – Paris (75)
07/02 – Bataclan – Paris (75)
12/02 – Le Bikini – Ramonville (31)
13/02 – L’usine D’istres – Istres (13)
18/02 – L’Etage – Rennes (35)