Pour tout vous dire, je fais partie de ces gens qui aiment à penser que la violence, la tristesse, et les émotions les plus salopes dans leur ensemble, sont les seules intéressantes. Alors oui, c’est une dictature que j’instaure dans ma chronique, je dénigre votre libre-arbitre, et je décrète que oui, rien ne vaut la bile, l’intrinsèque et finalement, tout ces trucs sur lesquels on ne sait jamais trop mettre de mots. EAST a de la bile et ça se voit dans leur EP Violence In The Flowers sorti en novembre.
C’est aussi simple que ça dans le royaume de ma chronique, je ne prête allégeance qu’aux biliaires, à ces mecs de EAST qui ont décidé de faire de la musique, et ça n’aurait pas du être intéressant, parce que ça l’est rarement, et ça n’aurait pas du valoir la peine, parce que ça la vaut rarement, et pourtant si.
Les lyonnais de EAST ne donnent que quatre morceaux dans Violence In The Flowers, quatre morceaux angoissés, quatre morceaux de violence assourdissante et romantique, quatre morceaux sans cessez-le-feu. Cet EP est ainsi un magnifique bordel sonore, un massacre d’orchidées jouissif et frénétique, et voilà ce qui importe, être bousculé par un album, par une sensation, bref : que quelque chose se passe. Alors évidemment tout ça n’est pas sans influences, et l’on reconnait aisément dans les plaintes froides et l’exaltation mélancolique du groupe ce bon vieux Joy Division, quand la fragilité romantique rappelle, elle, les anglais de The Stone Roses. Mais peu importe les influences, peu importe l’avant et l’après, tout se joue sur ces quatre morceaux de fureur, de fièvre froide.
EAST fait de son EP une course sans fin, sans autre pause qu’un souffle déchiré au milieu de guitares fragiles, de synthétiseurs hypnotisants, une course où même la voix se noie, où la violence martelée est aussi belle que dangereuse, une course à travers les bois, les routes lugubres et les espaces noirs de laquelle finalement jaillit ce quelque chose ineffable. Tout réside là, dans les échos, dans les riffs saturés et les accords colériques, dans la gravité romantique de la voix et les répétions, et donc, dans les exaltations de l’intrinsèque. Violence In The Flowers est une guerre géniale, une guerre de nerfs qui honore la bien nommée Cold Wave, cette tradition musicale qui se fout de l’issue et ne pense qu’à la bataille, qu’aux rythmes froids et furieux.
EAST, ce Sisyphe violent, parfois désaccordé, étire le bruit comme un long coup de poing, il sature par trainées et accepte la brutalité noisy, l’implosion ; la bile. Alors les oreilles saignent un temps, mais pas moins que le reste. Parce que, souvenez-vous, je l’ai décrété, rien n’est plus beau que ce qui sait faire mal. À bas la ballade, vive la noyade sonore.
Pour continuer dans la dictature, je vous ordonne d’aller faire un tour sur leur Bandcamp.