DECOUVERTE – De La Jolie Musique, une histoire d’art’mour

Cherchez un peu plus et si vous commencez à percevoir des nappes de synthé planantes, des samples savants et subtils, du mélodica, si vous pensez aussi aux grandes heures de la pop anglo-saxonne, mais aussi aux meilleurs bidouilleurs et artisans de la pop moderne, de l’électronica ou même du hip-hop, rien d’étonnant, car c’est aussi l’univers dans lequel baigne De La Jolie Musique.

Erwann par Eric Perez
Crédit photo: Erwann Corré / Par Eric Perez

Paris, un café, du soleil et De La Jolie Musique, on ne peut rêver mieux pour réaliser une interview. Installez-vous et lisez.

De La Jolie Musique est un projet mené par Erwann Corré. Le premier album du collectif, Mémoire Tropicale, sorti en fin d’année est un mélange de plusieurs genres. Dansant, planant, et émouvant, nous nous retrouvons devant de jolies musiques.

Le nom du groupe, De la jolie musique, c’est un peu étrange, d’où ça vient ?

Erwann Corré: De La Jolie Musique, c’est pour dire que ça découle de toute la musique que j’ai écouté depuis tant d’années. Ça vient de la jolie musique et j’avais envie que ça soit un titre long comme un titre de roman ou un titre de musique de film. Je ne voulais pas que ça soit juste un nom catchy et que ça puisse comprendre plein de choses dedans, plein de gens et plein de styles de musique différents.

Par rapport à ça, il y plein de styles de musiques même à l’intérieur des titres et parfois c’est un peu déroutant. Comment on en est arrivé là ?

L’impulsion de départ c’était de pouvoir faire les morceaux en français que j’entendais pas, qu’il y avait pas au moment où je les ai composés et de pouvoir diversifier la chanson française parce qu’il n’y avait pas, il y a dix/quinze ans, énormément de trucs qui se rapprochaient de la pop que je voulais écouter. C’était pour revenir aussi à tous ces groupes passés français qui n’existaient plus, à la musique des années 70 qui me manquait beaucoup. Dans les années 90 et après il n’y avait pas grand chose. Ça puait le Zazie et le Pascal Obispo. Et il y avait des mecs comme Dominique A qui faisaient de la musique quasiment punk, c’était un vrai travail de défrichage. Le but aussi c’est d’emmener la chanson française vers quelque chose de lo-fi. Et puis j’ai toujours eu envie que chaque morceau ait sa couleur et son univers. Moi, mon but ultime c’est de faire une chanson folk, ce qui n’est pas automatiquement le cas dans le disque. Je veux faire une chanson ou un album folk en français qui soit juste imparable.

L’album s’appelle Mémoire Tropicale, pourtant c’est le titre qui dure le moins longtemps ? Pourquoi avoir privilégié ce titre là ?

En fait, c’est quand j’ai composé Mémoire tropicale qui revient à l’intérieur du disque avec Last Unicorn qui sont en fait les deux mêmes morceaux. Le lion est en fait le thème quasi-principal du disque d’où l’album qui s’appelle Mémoire Tropicale. Le projet de travail s’appelait « Safari ». Mémoire Tropicale est arrivé pendant le processus de fabrication de l’ensemble du disque. C’est un morceau que j’ai rajouté après parce qu’il fallait une intro et un milieu qui réponde à Plein Soleil et à la Métamorphose. Et Mémoire tropicale revient à la fin aussi, le thème de guitare c’est un thème de Mémoire tropicale. Donc « Safari » c’était en réponse au collectif de musiciens qu’on était à l’époque et doucement c’est devenu quelque chose de plus introspectif et donc c’est devenu Mémoire Tropicale pour montrer cette mémoire de ce qui s’était passé.

Lili la Tigresse ça renvoie un peu au livre d’enfants mais les paroles renvoie beaucoup moins à quelque chose d’enfantin, pourquoi encore ce paradoxe ?

C’est un texte assez difficile c’est vrai, si tu le retires de la musique, il est assez sec ! Justement je trouvais ça assez rigolo de transformer ce morceau en espèce de conte.  Un conte à la base , de toute façon, c’est horrible ! Quand on y pense c’est joli, il y a plein de choses, mais il y a toujours une fin ou un moment plus que paniquant pour les enfants. Au départ le morceau s’appelait « Capitaine Crochet » bizarrement, et il n’y avait pas d’intervention féminine. C’était vachement axé sur les pirates et les voix étaient plus travaillées dans les graves et tout doucement le texte a glissé vers Lili la Tigresse. Dans ce côté Lili la Tigresse, il y a cet aspect enfant perdu et qui répondait aussi à toute la petite bande qui m’a accompagnée pendant super longtemps.

L’esthétique du clip Plein Soleil montre que même le visuel est très important, comment ça a pu se faire ?

On parle de collectif de musique mais ça comprend d’autres formes d’art que sont la vidéo ou le dessin. Simon Paulès a fait le clip, c’est un ami de très longue date avec qui j’ai fait énormément de choses dont des films et qui suit De La Jolie Musique depuis longtemps. Simon fait partie de De La Jolie Musique même s’il n’est pas musicien. Le clip on l’a fait aussi pour répondre à la sortie de l’album. J’ai plein d’idées visuelles et plein d’envies mais il pourrait ne pas y avoir de clips, la musique est là. Donc c’est parti vraiment loin. Au final, la logique de départ c’était de revenir sur une espèce d’optique de cinéma français, ça répond à la Nouvelle Vague. Il y a des projections derrière de films des années 80, de trucs tournés en super 8, on a mélangé plein de techniques. La grosse impulsion c’était Margot [Loubet]. Sans Margot, il n’y aurait pas eu de clips. Si elle n’avait pas amené son univers, ses envies, le clip aurait été totalement autre chose.

C’est un projet qui a dix ans. Dix ans, c’est long non ?

C’est pas énorme. Ça peut paraitre long à un moment donné mais c’est dix ans de travail de fabrication. Ça a été dix ans de maturation pour trouver mon style d’écriture et musical. Dans les dix ans il y a eu plein d’autres projets, plein d’autres chansons, après ça [l’album] c’est les 10 ans de ce que moi j’ai gardé et avant d’aboutir, j’aurais pu sortir d’autres disques. Donc c’est dix ans pour arriver à me trouver en tant que musicien. Le disque a duré parce que c’est difficile de monter un projet. C’est pas grand chose dix ans pour arriver à maturation d’un projet.

 Du coup, on n’a pas peur de pas pouvoir lâcher l’album ?

C’est délicat mais en même temps j’ai pu lâcher le truc parce que je suis arrivé au bout de l’histoire que je voulais raconter, parce que le disque sort, parce que j’ai pu mettre des morceaux comme Establishing Bling Bling à l’intérieur de trucs vachement plus français. J’ai réussi à mettre toutes les couleurs dont j’avais envie. Et puis là toutes les conditions étaient réunies c’est à dire que le disque sort, on fait des concerts, il y a des interviews, il y a des papiers sympas. Les gens me parlent du disque, les gens sont curieux. Ça appelle à un deuxième effort et à un troisième, c’est libérateur.

Mémoire Tropicale est disponible en vinyle et en digital chez Sauvage Records.

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