No Pain No Gain: Michael Bay formule « light », mêmes qualités et mêmes défauts qu’en XXL

No Pain No Gain, dernier film de Michael Bay (aka Mr Destructor à Hollywood cf. Bad Boys I & II, Transformers 1, 2, 3 et futur 4, Armageddon, The Island ou Pearl Harbor), sorti sur nos écrans la semaine dernière est étrange !

En effet, le film n’est pas un blockbuster à proprement parler (cela doit être le 1er film de Michael Bay produit pour moins de 100 millions de dollars depuis de nombreuses années), il est tiré d’une histoire vraie et n’appartient ni au genre de la science-fiction ni de la comédie pure.

Synopsis: À Miami, Daniel Lugo, coach sportif, ferait n’importe quoi pour vivre le « rêve américain » et profiter, comme sa clientèle fortunée, de ce que la vie offre de meilleur : maisons de luxe, voitures de course et filles de rêve… Pour se donner toutes les chances d’y arriver, il dresse un plan simple et (presque) parfait : enlever un de ses plus riches clients et… lui voler sa vie. Il embarque avec lui deux complices, Paul Doyle et Adrian Doorbal, aussi influençables qu’ambitieux.
NO PAIN NO GAIN s’inspire de l’histoire incroyable mais vraie de ces trois kidnappeurs amateurs qui, à la recherche d’une vie meilleure, se retrouvent embarqués dans une série d’actes criminels qui dégénèrent rapidement… Rien ne se déroule jamais comme prévu.

L’histoire, tirée d’un fait divers à Miami dans les années 90 suit une bande de bodybuilders plus débiles les uns que les autres essayant de vivre l’American Dream (terre de tous les espoirs, des secondes chances et des promotions sociales) en enlevant un de leurs client pleins aux as et lui faisant cracher son pognon à n’importe quel prix (ironique pas vrai ?).

L’histoire en elle-même est géniale, les évènements qui se produisent paraissent tellement improbables que jamais un studio de cinéma n’aurait accepté de produire le film si les faits ne s’étaient pas avérés réels.

Mais le film est juste moyen. La faute à des problèmes de rythmes, d’écriture et de changement de tons qui aurait nécessité un traitement beaucoup plus subtil (et on parle ici de Michael Bay, l’homme qui ne connait pas la définition du mot finesse).

Pour les bons points du film, il n’y a pas à dire, Bay a toujours été un excellent technicien, on en parle très peu en critiquant ses films mais ce monsieur sait très bien filmer et sait s’entourer de collaborateur de talent. Ses cadres, ses ralentis, ses plans parfois extrêmement complexe à élaborer (notamment une séquence entièrement filmé en plan séquence circulaire couvrant l’action dans 2 pièces différentes à la fois), il y a très peu de chose à jeter. Sa mise en scène à la fois « clipesque », à la limite du vulgaire mais magnifiant toujours ses acteurs (ou ses voitures en fonction) colle en plus parfaitement au sujet du film. Les bodybuilders ayant un culte du corps repoussant les limites de l’imaginable et de la beauté, tout comme cet American Dream d’aspect flamboyant mais truqué correspondent parfaitement à la manière de Bay de filmer.

La photographie à tomber par terre, la direction artistique géniale, même le montage qui compte parmi les défauts de sa filmo est ici excellent et extrêmement lisible pendant les scènes d’actions.

No Pain No Gain est aussi le 1er film de Michael Bay ou les acteurs ont une place aussi prépondérante par rapport à l’action. Et il est la preuve que ce réalisateur peut aussi être un excellent directeur d’acteur quand il le souhaite. Mark Wahlberg dont je ne suis pourtant pas fan est brillant en crétin complètement dégénéré, absolument persuadé d’accomplir le bien en torturant sa victime dans sa quête de richesse. Dwayne « The Rock » Johnson prouve lui aussi que sa reconversion dans le cinéma n’était pas une mauvaise idée. Son corps imposant (c’est un ancien catcheur pour mémoire) tranche complètement avec son visage de gentil benêt et le rôle lui va comme un gant. Le trio de tête est complété par Anthony Mackie, jeune pousse du cinéma US qui continue de monter.

On retrouve aussi Tony Shalhoub (l’inénarrable Monk) qui surjoue la caricature de l’odieux riche connard dans le rôle de la victime, Ed Harris presque inexistant dans le rôle du flic, une Rebel Wilson hilarante et explosive ainsi que Ken Jeong (Mr Chow dans Very Bad Trip) pour les rôles secondaires.

Voilà, rajouter à cela le score du complice de toujours, Steve Jablonsky qui fait encore des merveilles et une première demi-heure complètement hilarante et vous avez tous les bons points de No Pain No Gain.

Malheureusement, le film ne dure pas 30min mais 2h et elles se font sentir. Le problème de ce film, c’est qu’il essaye de raconter une histoire dingue, par le prisme de personnages complètement tarés et faisant le portrait d’une vision de l’Amérique. Ça ne vous rappelle rien ? Si, évidemment, le film n’essaie rien de moins que de rentrer dans le club fermé des frères Coen ou de Tarantino.

Le côté comédie noire complètement assumé, ses changements de rythmes soudains et ces excès de violence viennent appuyer cette volonté. Mais l’histoire ne possède pas les dialogues incisifs ou l’humour d’un Tarantino et Michael Bay a beau essayé de rendre ses personnages attachants, on est à 1000 lieues de la subtilité d’un Big Lewosky.

De plus, le propos du film est extrêmement douteux, contrairement à Bling Ring sorti aussi cette année qui laissait ces jeunes s’enfoncer tout seul, Michael Bay décide presque de les défendre en les rendant drôles. Au contraire, la victime qui perd absolument tout et qui subira des sévices pendant des semaines est présenté comme un salopard fini.

On passera sur la misogynie ambiante, le racisme sous latent et le culte du physique parfait, symbole par excellence du cinéma de Bay pour s’interroger sur le message du film.

Je suis bien incapable de dire à la sortie de la salle si Bay dénonce au 55e degré les actes de ces criminels ou s’il s’en amuse tout simplement car dès qu’il commence à critiquer un pan du système américain ou d’explorer une nouvelle piste, il la désamorce immédiatement par l’humour.

Dans tous les cas le résultat est bancal, soit le film n’est pas assez drôle, soit pas assez intelligent, soit il ne nous en met pas assez pleins les yeux pour pleinement apprécier le spectacle proposé.

Bref la traduction française du titre du film ne mentait pas sur la marchandise qui n’est pas une souffrance (pain) à voir mais qui n’apporte rien non plus (gain).

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