Rencontre avec Lujipeka et Foda C du collectif Rennais Columbine à l’occasion leur concert en octobre à Brest, à la salle La Carène. Leur venue avait rapidement précipité le public à s’arracher les tickets. Concert archi-complet. A la fin de la soirée, entre deux séances de selfies avec leurs fans, ils nous ont parlé des thématiques qui régissent leur univers artistique.

Rennes
« C’est notre lieu de naissance. Notre lieu de vie. De scolarité. Musicalement, ce n’est pas une scène forcément très intéressante. La scène de Rennes est très rock, et pour le coup on n’écoute pas beaucoup cette musique. Il n’y a pas de grands noms en rap. Du moins ce ne sont pas des artistes qui nous ont influencé. Mais il y a des types qu’on connaît qui font de la musique dans leur chambre, qui font 50 vues et qu’on kiffe de ouf. Avec eux, le rap pourrait émerger sur la scène. Au final, on est en train de montrer qu’il n’y a pas d’endroit pour faire du rap. Tant que ton propos est cohérent et ce que tu dégages l’est tout autant, ça peut prendre. »
Lorenzo
« On est potes, c’est notre gars. A l’origine, Lorenzo fait partie du grand collectif Columbine pour lequel nous sommes tous les deux le pilier. Ensuite il a voulu tenter l’aventure du projet en solo. Et tant mieux pour lui que ça ait marché ! Il y a du soutien mutuel. Quand il s’est lancé, on partageait ses premières vidéos, puis ça a pété pour lui, et maintenant on se rend la pareille. »
Booba
« Booba, il parle de choses très réelles. On aime ce qu’il fait. C’est dommage que les médias prennent régulièrement un ton sarcastique en parlant des rappeurs alors qu’ils n’ont pas vraiment la culture du quartier. On est un peu du même milieu nous aussi. On fait pas un truc élitiste. On n’aime pas qu’on nous dise « Columbine ils font pas comme les autres, ils écrivent, ils savent conjuguer ». Non. Ça fait cliché. On défend tous les rappeurs, on n’a pas la prétention de se sentir plus intelligents que les autres. »
Découvertes
« On reçoit beaucoup des claques musicales en ce moment. On écoute beaucoup de sons. On est ouvert aux trucs connus et inconnus. Pour citer une rappeuse française qui a sorti un putain de son il y a pas longtemps, c’est Aynine. Dans le rap de quartier, il y a aussi Kazad, Ana Kamoy… »
Bigflo & Oli
« Ils ne font pas partie de notre playlist. Mais on cherche à comprendre leur musique et leur propos. Idem pour Nekfeu. Mais on défend le rap, même sur le principe, c’est notre crédo. Pour nous, c’est un truc de solidarité. On part du principe que personne n’est là par hasard, on a tous une partie de mérite dans notre succès. »
Gus Van Sant
« Une influence parmi tant d’autres. Parmi milles. Son film Elephant est l’œuvre la plus liée à Columbine. Si on le cite souvent, c’est parce qu’il nous permet d’expliquer la genèse du projet, le symbole derrière le logo, etc. Mais ce n’est pas notre film favori. Pour nous, c’est le film qui traite le mieux du sujet du sujet avec différentes voix, en explorant différentes pistes. Il ne rentre pas dans la diabolisation : il est dans la compréhension. Il sous-entend que sur des événements tragiques comme la fusillade du lycée Columbine en 1999, on est tous un peu responsables. Puis on cherche à savoir les causes du mal. Avec Columbine, on essaye d’explorer les raisons de la frustration et de la violence. Et, pour en revenir au film, la douceur du film qui choque par rapport à la fin plus poignante, c’est aussi ce qu’exprime notre logo [une kalachnikov surmontée des ailes d’une colombe] en écho à la paix, à l’amour et à la mort. »
La culture est une arme
« « Je suis breliquet, je suis pas teubé ». C’est une phrase de Booba. Qui veut dire « je suis calibré, je lis pas de bouquins ». ‘est aussi la phrase la plus souvent reprise dans le rap. Reprise dans tous les sens, mais plus en mode « je m’en bats les couilles de la culture, et j’ai mon arme de poing dans la main ». Mais oui, la culture est sans doute une arme. Mais le fusil aussi. La glorification de l’acte est futile, le contexte est important à saisir. Même si c’est tragique. Ce n’est pas une apologie du tout de la tuerie. Au-delà de la chasse aux sorcières à laquelle tout le monde s’adonne, on oublie souvent que nous sommes nos propres démons. On les crée soi-même. Ces gens-là sont victimisés, du coup ça fabrique de la haine. Du coup, on essaye de faire la part des choses. Sans jugement hâtif, en mode : « c’est de la barbarie ». On essaye de comprendre, et de se sentir responsable autour d’une même cause. »
L’avenir
« Il s’annonce bien. Marrant aussi. Et radieux. On a la main partout. Dans la musique, et la production, puisqu’on a également créé notre label. A côté de ça, on a la tournée. Ce qui représente de plus en plus de trucs à gérer. Il faut être torturé pour vouloir faire de la musique. La persévérance est le mot clé. On vit aussi ce qu’on a envie de vivre au fond depuis toujours. On a toujours bossé pour réussir. Au début, t’es naïf, tu ne sais pas vraiment comment t’y prendre. Puis une fois que tu y es, à force de faire des concerts, il peut arriver d’oublier l’émerveillement de tes débuts. Il suffit de te reprendre une claque pour que tu te dises « ah putain, je vis un putain de truc ». Après, on essaye de garder les pieds sur terre au maximum. »
Parité
« Ça nous fait plaisir de voir des femmes qui commencent à rapper, mais cela reste un milieu difficile. Ce serait cool que davantage d’entre elles puissent s’y intégrer. Ce sont des codes très masculins qui ont été intégrés depuis des années, aujourd’hui très durs à déconstruire. Mais il y a largement la place et le marché pour. Notre public, c’est beaucoup de filles par exemple. Ce ne sont pas que des groupies, si elles sont là, c’est qu’on leur parle, qu’on leur évoque quelque chose, quelque part. L’une d’elles nous envoie des textes. En France, le problème des rappeuses c’est qu’elles sont tout le temps dans le corrosif et dans le violent, du coup ça crée quelque chose qui les bloque elles-mêmes. Dans le rap, il y a comme un étau, et pour prendre sa place, il faut innover. De ce point de vue, les anglophones ont moins de difficulté à percer parce qu’ils ont une culture musicale davantage féminine. Regardez, les plus grosses pop stars américaines sont des femmes… En France, le rap a tout effacé et a pris le pas sur la chanson française. Il n’y a plus de Vanessa Paradis ou d’Alizée. Du coup on se retrouve avec un manque de femmes dans le rap. Après, il y a un truc hip-hop qui prend de plus en plus chez les filles. Cela dit, en terme de parité, les choses évoluent, mais il y a encore beaucoup de boulot à faire. »
Arrêter avec vos conneries de parités, les femmes sont privilégiés sur tout, dans le monde de l’administration c’est 80 % de femmes elles imposent leur loi, plein d’hommes même de femmes le disent c’est insupportable de bosser avec des femmes, et qu’on ne me sorte pas la carte de « oui mais elles subissent du harcèlement blablabla » premièrement il y a beaucoup de fausses accusations, deuxièmement il y a des hommes qui subissent du harcèlement, les femmes ont tout et plus, et on continue de nous faire croire « Oh niveau parité il y a encore du boulot », mais elles ont plus elles en ont assez c’est bon, c’est quand les femme auront 100 fois plus qu’on considérera qu’il y a parité carrément quand les hommes n’auront plus le droit de travaillé ou pire, et qu’on ne me ressorte pas les conneries du genre « C’est la théorie du complot blablabla » il n’y a pas de théorie du complot ça n’existe pas, quand je vois les féministes dirent qu’on est dans un complot patriarcale et qu’on veut « oppresser » les femmes qui croient à une théorie du complot, que l’obscurantisme retourne à l’obscurité, et le féminisme en est un, c’est lobby puissant et dangereux, il n’y a PAS DE THÉORIE DU COMPLOT ça n’existe pas, j’en ai ras le bol de lire des conneries ‘Ah, à ce niveau la parité il y a encore du boulot, ah il y a encore du boulot oh là là. » quel mensonge, l’égalité n’existe pas, la parité est un mensonge le patriarcat est le meilleur modèle de société, il n’est pas pour oppresser et je ne sais quoi contre les femmes
Bonjour,
Merci d’avoir pris le temps d’écrire. Il est nullement question de théorie du complot dans la dernière partie de l’article. Ni d’oppression, ni de « ola la ». Juste un ressenti d’artistes sur le manque de femmes françaises sur la scène du rap. Ça ne va pas plus loin. Bonne soirée.