Il est l’une des plus belles promesses de cette année. Après s’être imposé dans l’arène marseillaise au festival La Fiesta des Suds, le duo Aufgang a envahi l’esprit de milliers de spectateurs. Juste avant de monter sur scène, Aymeric Westrich et Rami Khalifé font le point sur leur dernier album Istiklaliya sorti chez Infiné, mastodonte francophone de la musique indé.
Efflorescence Culturelle : Vous le dites souvent, cet album a bouleversé votre manière de faire de la musique. De quelle manière ?
Rami : On était dans une démarche de renouvellement total. On a quitté Infiné pour signer chez Bluenote. C’était une volonté pour nous de faire quelque chose de différent, ça ne nous intéresse pas de faire des albums qui se ressemblent. On s’est approprié tellement de choses par nos voyages, nos rencontres et nos différences culturelles que justement, on voulait montrer une autre facette d’Aufgang qu’on n’a jamais montré jusqu’à présent. On se laisse le temps de faire les choses. En tout cas, on ne veut surtout pas se cantonner dans quelque chose de figé, c’est quelque chose qui nous fait peur : on veut tout le temps surprendre.
Il est très difficile de qualifier votre musique. Y a-t-il certaines étiquettes qui vous agacent ?
Aymeric : On a été étiqueté « classique/électro ». C’est sûr que c’est quelque chose qui est dans notre ADN, qu’on défend et qu’on aime énormément mais on adore aussi Rage Against the Machine jusqu’à Nirvana…
Rami : Quand on aime la musique, c’est dur de choisir d’une ligne et d’y rester. Ce qui est difficile, je pense, c’est d’essayer de ne pas se cantonner à un seul style. Notre album, on l’a imaginé comme une radio éclectique. C’est une volonté d’ouverture tout simplement.
Votre album a-t-il été composé dans un contexte particulier ?
Rami : Il y a des chansons qui peuvent traiter de sujets d’actualité mais c’était pas une obsession chez nous. Cet album, c’est une sorte de thérapie. En tout cas pour nous, parce que c’était un moment un peu difficile et c’est vrai qu’on n’a jamais autant été créatif que sur cet album là. Il a été composé très vite, en un mois on avait écrit une vingtaine de morceaux donc c’était vraiment impressionnant. Au final, on a du en laisser certains au placard.
Ces morceaux mis au placard, ils ressortiront à un autre moment ?
Aymeric : L’album a été pratiquement instinctif. Il a beaucoup simulé notre créativité. Et du coup, oui, les 10 autres morceaux qui sont restés, on les diffusera.
Vous avez sorti sur votre dernier EP, le titre « Summer » qui est en fait un clip interactif qui change en fonction de la météo. C’est pour la petite graine de folie ?
Aymeric : Le clip se décline en 5 versions différentes. On a travaillé avec deux artistes qui s’appellent Esteban et Alex qui dirigent la compagnie « Ideas For Music ». Ils nous ont aidé pour l’image. Et comme on voulait quelque chose qui colle au morceau, c’est plutôt fun et même décérébré, un peu comme la chanson.
Rami : On a surpris avec ce morceau là parce que personne ne nous y attendait. Ca été l’un des morceaux les plus difficiles à enregistrer, le plus complexe. Il ne s’agissait pas non plus de tomber dans quelque chose de trop barré non plus. D’ailleurs, sur ce nouvel album, on s’est amusé, et on s’est pas pris la tête.
Aufgang, en concert le 6 février 2016 à Valence (26), au Théâtre de la Ville.